La conclusion des chercheurs qui remettent depuis quelques jours le taux de sérotonine dans le cerveau, donc l’hypothèse biologique de la maladie, insistent pour que l’on envisage la dépression sous un angle différent. Il ne s'agirait pas d'un problème cérébral, mais d'une réponse émotionnelle à des difficultés personnelles et sociales.
340 millions de malades
Vivre avec un dépressif est difficile, mais il faut l’aider en s’en sortir, et aussi à faire le diagnostic. C’est une maladie pénible, très pénible. 340 millions de malades dans le monde. C’est la première cause d’incapacité, d’après l’OMS. La dépression heureusement se prend en charge… à condition qu’elle soit diagnostiquée.
Les personnes souffrant de troubles dépressifs importants attendent en moyenne presqu’un an avant de consulter un médecin. Pire, le diagnostic n’est posé qu’après 5 consultations, ce qui retarde d’autant le recours au traitement.
La raison de ce « retard » au diagnostic est due aux 72% de personnes dépressives qui ignorent que souffrir de maux de tête, de troubles intestinaux ou autres douleurs inexpliquées ne signifie pas nécessairement migraine, arthrose ou désordres digestifs, mais souvent premiers signes d’une dépression. Une dépression non diagnostiquée peut avoir de très sérieuses conséquences : plus une personne déprimée reste sans prise en charge, plus sa dépression risque de devenir chronique, et plus ses chances de guérison complète diminuent. Et c’est dommage, car le terme de guérison complète n’est pas un fantasme.
L’entourage a un rôle primordial
Le dépressif, sans l’exprimer, a toujours besoin d’aide. Le soutien est apporté par le médecin ou le psychothérapeute, mais surtout par l’entourage. Cette aide doit être mesurée, discrète, tout en étant concrète dans le geste et la parole.
En effet, le déprimé est malheureux. Il souffre dans son esprit. Il a conscience d’infliger un spectacle difficile à supporter.
Accepter, tout en proposant des solutions
Le dépressif est fatigué. D’abord une fatigue physique, puis intellectuelle. Par exemple, un dépressif ne pourra pas faire une longue marche ou regarder un film entièrement. C’est surtout l’absence d’envie qui domine, avec une irritabilité particulière à la moindre remarque.
Il faut donc proposer sans le forcer une aide au dépressif pour qu’il retrouve une activité physique ou intellectuelle.
On doit être tolérant vis-à-vis de l’inaction, car il est conscient de se trouver dans une situation de blocage. Les réactions ne sont pas normales, mais cette anormalité fait partie de la maladie. Il faut supporter la fatigue toujours présente dans la dépression, souvent cause des arrêts de travail et qui existe même au réveil.
Aider, mais aussi se déculpabiliser
Les proches, les amis, la famille, se culpabilisent toujours et se sentent responsables du dépressif. Les réactions du malade paraissent incompréhensibles à l’entourage, le risque suicidaire étant un facteur supplémentaire d’angoisse.
La maladie dépressive impose parfois une hospitalisation, surtout quand le risque suicidaire est évident ou que le traitement est un échec. Il ne faut pas hésiter à appeler le médecin, qui décidera de l’intérêt de cette hospitalisation. Car ce n’est pas une punition pour le malade, ni pour l’entourage. Une personne déprimée n’est pas hospitalisée chez “les fous”. Elle va surmonter une situation difficilement tenable à la maison. Enfin, l’entourage doit collaborer avec le médecin, si possible hors de la présence du malade, pour apporter des précisions sur une situation que le dépressif n’a pas pu ou pas voulu dire au médecin.
Certaines personnes peuvent bénéficier d'une thérapie, mais la plupart vont avoir besoin d'un conseil conjugal, d'un soutien à l'emploi ou d'une aide en matière de logement ou de finances.