Le monde est-il en train de se libérer du carcan génétique et de mettre à mal le monde darwinien ? C’est ce que suggère une découverte assez récente, l’épigénétique.
Nos gènes ne sont pas modifiables que par une lente évolution de l’homme au cours des siècles, mais aussi par l’environnement, et cette évolution se fait par petites touches, à l’échelle d’une vie, et surtout, ces modifications se transmettent.
Ce qui signifie aussi que la « fatalité » génétique n’a plus cours et que nous sommes tous les chefs d’orchestre de notre vie, de nos changements et de notre équilibre.
22 000 gènes
Rappelons que nous avons 22 000 gènes. Le décodage du génome a montré que ces gènes n’occupent que 2% de notre génome. On a parlé au début d’ADN-poubelle. La science est toujours prétentieuse lorsqu’elle ne comprend pas. Or ces 98% sont essentiels. Les gènes sont effecteurs, le reste, c’est la régulation.
Sans tomber dans le caricatural, on peut comparer le chromosome à une guirlande de Noël comportant des milliers d’ampoules que sont les gènes et des dizaines de milliers d’interrupteurs. Les généticiens ont appris à connaître les ampoules, il reste maintenant à trouver ce qu’allument ou éteignent les interrupteurs.
L’épigénétique modifie de façon infime les gènes et de façon personnelle.
Par exemple, il est probable que tous les facteurs de l’environnement ont un rôle, ce qui explique que ces changements se retrouvent dans les gènes de toute une population exposée, mais les événements importants ont leur rôle. Ainsi, on a prouvé la puissance de l’épigénétique dans la descendance de survivants de grandes famines, mais aussi celle des survivants du 11-septembre à New York… Ce qui est une explication de la diversité génétique entre les individus d’une même collectivité.
Transmissible
Autre particularité, ces modifications sont transmissibles, dès la génération suivante et pour toutes les générations à venir.
L’épigénétique contrôle probablement l’expression de nos gènes. On sait retrouver les mutations pathologiques, et il y a encore beaucoup de travail en perspective. Mais les applications pratiques sont déjà en marche dans des centaines de laboratoires spécialisés dans cette nouvelle discipline. Un exemple : la qualité du lait dépend de plusieurs centaines de gènes… C’est un enjeu important pour l’avenir alimentaire de la planète, toutefois, il va falloir du temps et des milliers d’expériences pour trouver le bon réglage. Ce qui laissera peut-être assez de temps pour définir les règles éthiques que cette recherche ne va pas manquer de susciter.
Parce qu'il est l'un des cancers les plus mortels, le cancer du pancréas concentre de multiples recherches. Une des dernières en date a démontré que manipuler l'épigénome des cancers pancréatiques pourrait transformer une tumeur résistante en une tumeur sensible aux traitements, et la guérir.