- Le manque de sommeil incitait les personnes à ne plus avoir de vie sociale et à s'isoler davantage.
- Un sommeil insuffisant augmentait également leur sentiment de solitude, qu’ils pouvaient propager aux autres personnes, presque comme un virus.
On le sait : le manque de sommeil augmente le risque de diabète, d’hypertension, d’accident vasculaire cérébral, de dépression ou encore d’infarctus du myocarde. Mais un sommeil insuffisant ou de mauvaise qualité altère aussi notre conscience sociale, en nous faisant renoncer à notre désir et à notre volonté d'aider les autres. C’est ce qu’ont révélé des chercheurs de l’université de Californie (États-Unis) dans une étude publiée dans la revue PLOS Biology.
"Les êtres humains s'entraident. Cette caractéristique fondamentale de l'homo sapiens a été l'une des forces les plus puissantes qui ont façonné l'avènement des civilisations modernes. Mais qu'est-ce qui détermine ce choix de s'entraider ?", ont indiqué les scientifiques. Dans le cadre des travaux, ils ont voulu démontrer que le manque de sommeil représentait un facteur, jusqu'ici non-reconnu, qui détermine si les êtres humains choisissent de s'entraider.
Le réseau de la cognition sociale altéré
Pour mener à bien la première partie de l’étude, les auteurs ont examiné les scanners cérébraux de 24 personnes en bonne santé, après huit heures de sommeil et une nuit d’insomnie. Ils ont constaté que les zones du cerveau, formant le réseau de la cognition sociale, qui est engagé lorsque les adultes font preuve d'empathie ou essaient de comprendre les besoins des autres, étaient moins actives après un sommeil insuffisant. "Au niveau individuel, un manque de sommeil déclenche le retrait de l’entraide", a précisé l’équipe.
Une réduction du désir d'aider les autres
Dans une deuxième partie des recherches, les scientifiques ont suivi plus de 100 personnes en ligne pendant trois ou quatre nuits. Pendant cette période, ils ont évalué la qualité de leur sommeil (combien de temps ils ont dormi, combien de fois ils se sont réveillés) et leur volonté d'aider les autres, par exemple en tenant la porte, en faisant du bénévolat ou en aidant un inconnu blessé dans la rue.
Les chercheurs ont noté qu’une diminution de la qualité du sommeil présidait une réduction significative du désir d'aider les autres. "Les personnes ayant mal dormi la nuit précédente étaient celles qui déclaraient être moins disposées à aider les autres le jour suivant", a déclaré Eti Ben Simon, auteur des recherches, dans un communiqué.
Une baisse de 10 % des dons
La dernière partie de l’étude consistait à analyser une base de données portant sur 3 millions de dons aux associations faits entre 2001 et 2006. L’objectif des auteurs était de déterminer si le nombre de dons avait baissé après le passage à l’heure d’été, qui conduit à dormir une heure de moins.
"À l'échelle nationale, nous démontrons qu'une heure de sommeil perdue réduit l’altruisme", a écrit l’équipe. Elle a remarqué une baisse de 10 % des dons après le passage à l’heure d’été. Cette réduction n'a pas été observée dans les États qui ne changeaient pas d'heure ou lorsque les États reviennent à l'heure normale à l'automne. "Par conséquent, un sommeil insuffisant représente une force d'influence significative qui détermine si les êtres humains choisissent de s'entraider", ont conclu les scientifiques.