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Innovation

Cibler le microbiote pour traiter les allergies alimentaires ?

Une molécule, fabriquée par les bactéries intestinales, permettrait de prévenir, ou du moins de réduire les allergies alimentaires. 

Cibler le microbiote pour traiter les allergies alimentaires ? image_jungle/istock




L'ESSENTIEL
  • L'œuf, les protéines de lait de vache et l'arachide font partie des principaux aliments responsables d'allergie alimentaire.
  • Dans les cas les plus graves, l'allergie peut engendrer un choc anaphylactique, qui peut être mortel.

Quand manger devient douloureux. Selon l’Assurance maladie, environ 3% des adultes et 6% des enfants souffrent d’allergies alimentaires en Europe. L’ingestion d’un aliment allergène provoque des réactions du système immunitaire : asthme, eczéma, douleurs abdominales ou encore urticaire. Lors du congrès de l’American Chemical Society, une société savante américaine de recherche scientifique en chimie, qui se déroule du 21 au 25 août à Chicago, des chercheurs ont présenté un composé chimique prometteur pour soigner voire prévenir les allergies alimentaires.

Une odeur et un goût particulièrement désagréables 

Dans l’intestin, nous avons autant de bactéries que de cellules dans le corps, soit plus d’un million de millions. Parmi elles, certaines fabriquent des métabolites qui favorisent la croissance des bonnes bactéries. Si le microbiote d'une personne est déséquilibré, et manque de ces bactéries productrices de métabolites, des fragments d'aliments partiellement digérés peuvent s'échapper de l'intestin et engendrer une réaction immunitaire, comme l’allergie. Le butyrate fait partie de ces métabolites bénéfiques pour le microbiote. De précédentes études scientifiques ont prouvé qu’il était prometteur dans la prévention des allergies alimentaires, grâce à des essais réalisés en laboratoire.

Malheureusement, les tests auprès d’humains se sont soldés par des échecs. "Le butyrate a une très mauvaise odeur, comme le caca de chien et le beurre rance, et il a aussi un mauvais goût, donc les gens ne voudraient pas l'avaler", explique Shijie Cao, co-auteur de cette nouvelle étude. Aussi, il a constaté qu’il était trop rapidement digéré. Dans ces nouveaux travaux, les scientifiques ont trouvé une manière d’administrer plus facilement ce composé aux personnes allergiques.

Une restauration du microbiote 

Les chercheurs ont polymérisé le butyrate avec de l'acide méthacrylique ou de l'hydroxypropyl méthacrylamide. Les polymères résultants se sont auto-assemblés en agrégats, ou micelles polymères : ce qui a permis de cacher les chaînes latérales de butyrate dans le noyau, masquant ainsi l'odeur et le goût nauséabonds du composé. Un premier essai a été mené sur des souris : les scientifiques leur ont administré les micelles polymères. Certaines souris avaient été rendues allergiques à la cacahuète par les chercheurs, l’administration du traitement a restauré leur microbiote, et a augmenté la production de peptides qui tuent les bactéries nocives, laissant plus de place à celles productrices de butyrate. "Plus important encore, l'administration de micelles à des souris allergiques a empêché une réponse anaphylactique potentiellement mortelle lorsqu'elles ont été exposées à des cacahuètes", notent les chercheurs.

Des tests à venir 

Ils précisent que le traitement pourrait être appliqué à toutes les allergies alimentaires, mais d’autres essais doivent être réalisés, sur d’autres animaux et sur l’humain. En cas de succès, le traitement pourrait tout simplement prendre la forme de petits granulés à diluer dans l’eau. 

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