Même à visée médicinale, le cannabis n'est pas sans risque pour le cœur. Les patients auxquels on a prescrit de la marijuana pour soulager de douleurs chroniques seraient plus susceptibles de souffrir de troubles du rythme cardiaque, révèle une étude danoise présentée lors du congrès annuel de l'European Society of Cardiology, qui se tient depuis le 26 août à Barcelone, en Espagne.
Un risque 74% plus élevé
Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont identifié un total 1,6 million de patients atteints de douleurs chroniques au Danemark entre 2018 (année d'approbation du cannabis thérapeutique à titre expérimental dans le pays) et 2021. Des douleurs causées par des cancers, de l'arthrite, des lombalgies, des maux de tête ou encore des fractures.
Parmi les patients, 4.931 (0,31%) - avec un âge médian de 60 ans - ont déclaré avoir bénéficié au moins d'un prescription de cannabis. Ceux-là ont alors été suivi pendant 180 jours, avec l'objectif de comparer leurs données à celles des patients qui n'avaient pas touché au cannabis médical.
Résultat, le risque relatif d'arythmie - bradyarythmie, tachyarythmie ou trouble de la conduction cardiaque - s'est révélé 74% plus élevé chez les consommateurs d'herbe médicinale que chez les non-consommateurs. Quant au risque absolu d'apparition d’une nouvelle arythmie, il était de 0,86 % chez les premiers, contre 0,49 % chez les seconds.
Effets indésirables
"Etant donné que le cannabis médical est un médicament relativement nouveau pour un large marché de patients souffrant de douleur chronique, il est important d'enquêter et de signaler les effets secondaires graves. Cette étude indique qu'il pourrait y avoir un risque d'arythmie non signalé auparavant, corrélé à la consommation de cannabis médical", explique Dr Nina Nouhravsh, auteure principale de la recherche.
En France, le cannabis médical est aussi en cours d’expérimentation depuis un peu plus d’un an. A ce stade, si les traitements semblent avoir une efficacité sur la douleur, un tiers des patients inclus dans l’expérimentation sont sortis de l’étude en raison d’effets secondaires, selon les données de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Sur 1086 effets indésirables rapportés, 27 étaient d’origine cardiaque dont deux syndromes coronariens.