Les clichés ont la peau dure. Depuis le XVIIe siècle, les Français sont réputés "crasseux". Pourtant, selon une étude Ifop*, nous serions plus propres que nos voisins européens. "Menée auprès de 5.000 personnes dans les cinq plus grands pays européens (Espagne, Italie, France, Allemagne, Royaume-Uni), cette enquête riche en enseignements dresse un tableau des pratiques hygiéniques post-Covid dans lequel les Français sont loin d’apparaître comme les plus mauvais élèves, concluent ses auteurs.
Des "cultures hygiéniques nationales"
L’une des premières questions posées par les sondeurs concerne la toilette : "En général, à quelle fréquence procédez-vous à une toilette complète, c’est-à-dire à un lavage complet de votre corps et de votre visage ?" 4% des Européens ont répondu qu’ils se lavaient entièrement moins d’une fois par semaine. 71% des Européens ont répondu oui, mais dans le détail, les réponses varient selon les pays. En France, 76% des personnes interrogées font cette toilette complète quotidienne, contre 53% des Italiens et 68% des Britanniques. "Le faible taux de toilette quotidienne "complète" observé en Italie n’est pas forcément symptomatique d’une mauvaise hygiène, tempère toutefois François Kraus, du Département Opinion et Stratégies d’Entreprise de l’Ifop. En effet, il tient sans doute à une culture hygiénique nationale spécifique marquée, entre autres, par le recours encore très répandu au bidet pour l'hygiène des parties intimes (parties génitales, anus) mais aussi des pieds et des cheveux."
Des vêtements, pas toujours très propres
En revanche, en ce qui concerne les sous-vêtements, les clichés sur l’hygiène des Français semblent plutôt justes. La proportion de Français changeant leur caleçon quotidiennement est la plus faible d’Europe : 73%, contre 82% en Espagne, 79% en Allemagne ou 77% en Italie. Selon François Kraus, cela pourrait être lié à des pratiques anciennes, héritées de l’époque où laver son linge était plus complexe. "Malgré les progrès considérables observés depuis l’après-guerre (ex : généralisation des lave-linges, accès à des sous-vêtements bon marchés), nombre de seniors continuent donc à avoir des pratiques hygiéniques similaires à celles qu’ils ont connus à une époque", constate le spécialiste. À l’inverse, 93% des femmes changent de culotte tous les jours.
Un lien entre hygiène et vie sexuelle
Le sondage a également permis de mettre en lumière les liens entre l’hygiène corporelle et vestimentaire et le degré de sociabilité et d’activité sexuelle. "Les résultats de l’enquête montrent que les personnes les plus soucieuses de leur hygiène sont souvent celles qui ont le plus de partenaires ou de rapports sexuels", précise le rapport. 49% des personnes vierges disent ne pas prendre de douche tous les jours, et 48% des personnes n’ayant pas eu de rapport sexuel dans le dernier mois disent la même chose. "De même, l’absence de changement quotidien de slip est beaucoup plus fréquente chez les hommes inactifs sexuellement (30%) que chez ceux ayant plus de trois rapports par semaine (21%)", expliquent les auteurs du sondage.
Concernant l’hygiène avant ou après les rapports, il n’y a pas de "gender gap lorsqu’on étudie les profils des personnes se lavant systématiquement "Avant" ou "Après" un rapport sexuel". Elles sont légèrement moins nombreuses à se laver avant ou après un rapport, "peut-être parce qu’elles savent que ce n’est pas nécessaire médicalement pour lutter par exemple contre les risques d’infections, de mycoses et autres irritations", supposent les auteurs du sondage. Les femmes sont cependant plus nombreuses à aller aux toilettes après un coït, ce qui suit les "recommandations médicales visant à lutter contre les infections urinaires féminines".
*Étude Ifop pour XloveCam réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 21 au 27 juin 2022 auprès d’un échantillon de 5 039 personnes représentatif de la population de l’Italie, l’Espagne, la France, l’Allemagne et Royaume-Uni âgée de 18 ans et plus.