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Troubles alimentaires

Hyperphagie boulimique : un essai de traitement par stimulation cérébrale prometteur

Par Rafaël Andraud

Un appareil qui détecte l'activité cérébrale liée à l'envie de manger et stimule électriquement la région du cerveau concernée s'est révélé prometteur dans un essai clinique chez deux patients souffrant d'hyperphagie boulimique.

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La boulimie, l’hyperphagie boulimique, et leurs formes partielles débutent le plus souvent à l’adolescence et au début de l’âge adulte. Elle touche presque autant les hommes que les femmes et elle est plus souvent diagnostiquée à l’âge adulte.
La boulimie touche environ 1,5 % des 11–20 ans et concerne environ trois jeunes filles pour un garçon. L’hyperphagie boulimique est plus fréquente (3 à 5 % de la population).
L'hyperphagie boulimique a un rôle important dans la survenue d'un surpoids ou d'une obésité.

Des chercheurs de l'Université de Pennsylvanie ont surveillé l’activité d’une région du cerveau, appelé noyau accumbens, chez deux patients souffrant d'hyperphagie boulimique avec perte de contrôle durant six mois, dans le cadre d’un essai clinique.

Pour rappel, le noyau accumbens est impliqué dans le circuit du plaisir et de la récompense, ainsi que dans la dépendance. Des études antérieures avaient constaté qu’un signal distinctif à basse fréquence apparaissait dans ce noyau quand l’envie de manger se déclenchait.

Plus de 5 kilos perdus

En conséquence, dans cet essai, les chercheurs ont implanté un dispositif aux deux patients, d’un type habituellement utilisé pour traiter l’épilepsie résistante aux médicaments. Au cours des six mois, l’appareil a stimulé automatiquement la région du cerveau où se trouve le noyau accumbens.

Résultat de l'étude, publiée dans la revue Nature Medecine, les patients ont signalé de fortes réductions de leurs sentiments de perte de contrôle et de la fréquence de leurs crises d’hyperphagie - chacun a également perdu plus de cinq kilos. L'un des sujets s'est tellement métamorphosé qu'il ne répondait plus aux critères de l'hyperphagie boulimique. Il ne semblait pas y avoir d'effets secondaires indésirables importants.

La différence entre la boulimie et l’hyperphagie boulimique

Dans un communiqué, les scientifiques notent qu'en principe, la même approche de traitement pourrait être appliquée à d'autres troubles liés à la perte de contrôle, y compris la boulimie. 

Celle-ci se caractérise par des crises où la personne atteinte absorbe de grande quantité de nourriture dans un temps restreint, avec un sentiment de perte de contrôle, suivies de comportements compensatoires inappropriés tels que le vomissement provoqué, l’emploi abusif de laxatifs, le jeûne ou l’exercice physique excessif.

A contrario, l’hyperphagie boulimique se caractérise par des épisodes récurrents de crises de boulimie, mais sans le recours aux comportements compensatoires inappropriés. C’est pourquoi les personnes souffrant d’hyperphagie boulimique sont majoritairement en surpoids ou en situation d’obésité.