- En cas d'idées noires, vous pouvez joindre le numéro national de prévention du suicide, le 3114, afin de recevoir de l'aide.
- Le contenu vidéo présenté par la SPS a également été critiqué par l’Association des jeunes psychiatres et des jeunes addictologues (AJPJA).
Une méthode de sensibilisation qui interpelle. Le 30 août dernier, l’Association Soins aux professionnels de Santé (SPS) a présenté une vidéo pour le lancement de sa campagne de communication sur la prévention du suicide intitulée : "qui nous soignera quand les professionnels de santé ne seront plus là ?".
Des images difficiles à regarder
Lors du court-métrage, trois soignants se présentent dans la chambre d’une patiente hospitalisée en lui demandant si tout va bien. Cette dernière leur répond qu’elle va mieux, notamment grâce à eux. Une des professionnelles de santé dévoile alors son mal-être en lui indiquant que eux, ils ne vont pas bien du tout. Des images difficiles à regarder sont ensuite dévoilées. Chacun des soignants fait une tentative de suicide différente (pendaison, défenestration, coup de feu) sous les yeux horrifiés de la patiente clouée au lit.
Le spot se conclut par un chiffre : trois professionnels de santé se suicideraient tous les deux jours, selon l’Association SPS. Une donnée difficile à vérifier. Pour aider les soignants, l’organisme a mis en place le dispositif SPS qui a pour vocation "d’écouter, d’orienter et de soutenir". Cette plateforme est ouverte 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et oriente vers un(e) psychologue. Pour y accéder, il suffit de composer le numéro vert 0 805 23 23 36 ou de télécharger l’application.
Dans un communiqué de presse, l’association SPS a également dévoilé les résultats d’une enquête sur le suicide parmi les professionnels de santé, réalisée en 2017. D’après leurs travaux, 25% des personnes interrogées auraient déjà eu des idées suicidaires lors de leur parcours professionnel.
Une campagne de sensibilisation critiquée
La diffusion de ce contenu vidéo ne fait cependant pas l’unanimité parmi les différents organismes de santé publique. Dans une interview, Nathalie Pauwels, chargée du déploiement du programme Papageno qui s’engage dans la prévention de la contagion suicidaire, de la promotion de l’entraide et de l’accès aux soins, a dénoncé les potentiels effets néfastes de ce spot vidéo. La spécialiste a notamment insisté sur "l’effet Werther" qui correspond au risque de "contagion" suicidaire à la suite de la médiatisation d’un suicide ou de conduites suicidaires.
D’après Nathalie Pauwels, la vidéo de sensibilisation de l’association SPS ne respecte aucunement les recommandations préconisées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour prévenir des tentatives de suicide. "L’une d’elles est de ne surtout pas montrer le mode opératoire du suicide, au risque de provoquer un effet de mimétisme. Et c’est une des premières fois dans ma carrière, où je vois, pour le coup, 3 modes opératoires présentés. Et c’est pour ça que j’ai réagi", a-t-elle précisé à nos confrères.
La chargée du déploiement du programme Papageno a également rappelé que les professionnels de santé ne sont pas protégés de l'impact que peuvent avoir les "messages violents" présents dans le spot. "Ce n’est pas parce qu’on est professionnel qu’on est plus fort que les autres. L’effet Werther impacte les personnes qui ont déjà des pensées suicidaires. Mais si on part du principe, comme ils le disent dans leur étude, que beaucoup de soignants pensent au suicide, que c’est une population fragilisée, avec beaucoup de passages à l’acte, ça veut dire qu’il faut prendre encore plus de précautions quand on lance un message de prévention et là elles ne sont pas prises", a-t-elle affirmé. Nathalie Pauwels espère que le film sera prochainement retiré des plateformes de diffusion.