La dyslexie est une difficulté durable d’apprentissage de la lecture et d’acquisition de son automatisme. Six millions de Français sont au départ de leur vie scolaire dyslexiques, c’est-à-dire qu’ils vont confondre les lettres de formes voisines comme le « q » et le « p », les sons très proches comme le « v » et le « f ». Cela s’accompagne souvent – on peut le comprendre – de difficultés d’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Mais également de troubles du comportement. Ce sont des enfants souvent hyperactifs, maladroits dans leurs gestes. Tout cela ayant un retentissement sur les résultats scolaires. Car sur ces 6 millions de Français, ils seront près d’un million à en souffrir vraiment, au point d’avoir des difficultés d’insertion professionnelle.
Il faut tout de suite tordre le cou à une légende. Ce ne sont ni les parents ni les enseignants qui sont responsables de ce problème d’apprentissage. De même, on ne retrouve pas obligatoirement une origine affective à ce trouble. Aujourd’hui, on s’oriente vers un désordre biologique qui ouvre à terme la piste d’un traitement plus aisé et radical que celui que l’on propose aujourd’hui.
Si l’on devait dresser le portrait robot du petit dyslexique, on pourrait dire qu’il s’agit dans 75 % des cas d’un garçon plutôt gaucher. Mais cela ne suffit pas au dépistage, qui est en fait plutôt simple pour un enseignant ou des parents vigilants. Une lecture lente, laborieuse, une mauvaise orthographe chez un enfant pourtant attentif et bon en calcul, doivent alerter, d’autant plus s’il y a déjà des cas similaires dans la famille. Toutefois, un taux de 10 à 12 % de Français qui n’arrivent pas à lire correctement dans un pays aussi structuré que le nôtre est inadmissible, surtout qu’il existe aujourd’hui des solutions.
Ce sont les orthophonistes et les médecins phoniatres qui connaissent le mieux ce problème, que la médecine traditionnelle leur a longtemps un peu lâchement abandonné. Avant de s’adresser à eux, il n’est pas inutile de demander l’avis du médecin généraliste ou du pédiatre, qui doit savoir désormais à qui adresser les dyslexiques. D’autant que de nouvelles techniques assez révolutionnaires voient le jour à partir de modifications de la posture. Car depuis l’arrivée d’examens aussi complexes que le scanner et l’IRM, les neurologues et les ophtalmos se sont intéressés au problème.
Et toutes ces bonnes volontés permettent aujourd’hui de guérir la plupart des dyslexies prises en charge assez tôt.
Les hypothèses actuelles se dirigent vers le cerveau, avec des problèmes d’interférence entre les hémisphères du cerveau droit et gauche, et la lutte pour la dominance.On évoque aussi un problème de latéralité : l'enfant n'est ni franchement droitier, ni franchement gaucher, il est donc ambidextre et ses deux cerveaux sont en compétition. La dyslexie peut même être le signe avant-coureur de capacités remarquables. L'intelligence de l'enfant, son potentiel intellectuel, ne sont nullement affectés, au contraire. La rééducation peut être longue, mais apporte de bons résultats. Cependant, il faut continuer à surveiller son enfant de près et l’entourer pour que sa dyslexie ne l'amène pas à l'agressivité.
En conclusion, il faut surtout que les parents ne soient pas consternés par la découverte d’une dyslexie, car prise à temps, elle peut être parfaitement jugulée. Il ne s’agit pas d’une tare, mais au contraire le signe de capacités intellectuelles remarquables qu’il va falloir juste savoir un peu plus difficilement mettre en évidence. Et pour la petite histoire, sachez qu’il y a sûrement autour de vous des dyslexiques cachés, qui restent dyslexiques toute leur vie et qui arrivent bien à le masquer. Mais dès qu'ils sont devant le papier et qu'il faut écrire, on s'aperçoit alors qu'ils ont ce trouble. C’est peut-être pour cela qu’ils deviennent journalistes.