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La mémoire aide à résister à la tentation

Selon une étude de l'Inserm, ce sont les systèmes cérébraux de la mémoire qui aident les hommes à résister aux tentations. L’hippocampe serait notamment une des clés du mystère.

La mémoire aide à résister  à la tentation PURESTOCK/SIPA




« La meilleure façon de résister à la tentation, c'est d'y céder ! » A cette phrase de l'écrivain irlandais Oscar Wilde restée célèbre, des chercheurs français apportent des éléments plus rationnels. Selon eux, ce sont les systèmes cérébraux de la mémoire qui aident à résister aux tentations. Comment certaines personnes peuvent-elles résister à l’attrait des plaisirs immédiats et poursuivre des objectifs à long terme ? Et pourquoi d’autres cèdent facilement et compromettent leurs attentes fondamentales ? Toute ces questions ont à présent une réponse. Des résultats inédits viennent d'être publiés dans la revue Plos Biology.

10€ tout de suite ou 11€ demain ?
Pour parvenir à cette conclusion, l'équipe du chercheur Mathias Pessiglione (1) de l'Inserm a utilisé la technique de l'Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) cérébrale. Les volontaires sélectionnés pour mener l'expérience devaient choisir entre un gain financier, par exemple de 10 € tout de suite, et 11 € demain. Avec ce type de test, les scientifiques ont découvert que la région dorso-latérale du cortex préfrontal, une région qui joue un rôle dans la maîtrise du comportement, était essentielle pour faire des choix « patients ». Des choix qui consistent en réalité à attendre pour percevoir son gain dans l'espoir qu'il soit plus important que le gain immédiat.

Toutefois, la démonstration n'était pas éclatante pour Mathias Pessiglione car ces tests ne permettent pas de reproduire totalement la vraie vie : « Nous pouvons percevoir les récompenses immédiates par nos sens, alors que les récompenses futures ne sont représentées que dans notre imaginaire. » Alors, pour tenter d'aller encore plus loin dans leur découverte, les chercheurs ont décidé de reproduire ces tests avec d'autres profils de volontaires. Et là encore les résultats rapportés par l'équipe sont étonnants !

L'hippocampe, une des clés de ce mystère
Pour reproduire cette situation, les auteurs ont utilisé cette fois des récompenses plus naturelles telles que les aliments (par exemple, une bière tout de suite ou une bouteille de champagne dans une semaine). Les volontaires devaient à présent choisir entre des récompenses immédiates présentées sous forme de photographies et des récompenses futures présentées sous forme de textes. Mais dans ce cas spécifique, la capacité à sélectionner les récompenses futures était corrélée au degré d’activité de l’hippocampe.

Pour achever la démonstration, le même test de choix a été réalisé auprès de patients atteints d'Alzheimer, qui ont donc des lésions de l’hippocampe.
Conclusion de l'équipe : contrairement aux patients atteints de dégénérescence préfrontale, qui affichaient une impulsivité excessive pour tous les types de choix, les patients atteints de la maladie d’Alzheimer s’orientaient spécifiquement vers les récompenses immédiates car les récompenses futures leur demandaient un effort d’imagination.
« Ceci est dû au fait que l’hippocampe est nécessaire pour imaginer les situations futures avec une richesse de détails qui les rendent suffisamment attrayantes », indique le Dr Pessiglione. Des lésions de l’hippocampe n'entraînent donc pas que des pertes de mémoire. Elle provoquent aussi des difficultés à imaginer des objectifs plus ou moins lointains. Faute de pouvoir ainsi se projeter et imaginer les conséquences de ses actes, ces personnes ont tout naturellement tendance à céder à la tentation. Des adeptes d' "un tien vaut mieux que deux tu l'auras"...


(1) Unité Inserm 975, Centre de recherche en neurosciences de la Pitié-Salpêtrière à Paris

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