- La mission de l’Observatoire du suicide consiste à produire des données chiffrées mais aussi à favoriser la recherche sur ce phénomène.
- Le nombre global de personnes mettant fin à leurs jours tend à diminuer depuis le milieu des années 1980, sauf chez les adolescentes et les jeunes femmes.
Contrairement à ce que redoutaient les acteurs de la santé mentale, qui prédisaient une "épidémie de suicides" en France, la pandémie de Covid-19 et ses confinements successifs en 2020 n'ont pas entraîné une "hausse immédiate des conduites suicidaires".
C'est ce qu'a fait savoir l'Observatoire national du suicide dans un rapport sur l'impact de la crise sanitaire, publié ce mardi. Selon leurs chiffres, 11.200 personnes ont mis fin à leurs jours entre janvier 2020 et avril 2021, soit un nombre légèrement inférieur à la moyenne annuelle enregistrée entre 2015 et 2019.
"Partage d'une épreuve collective"
Comparés aux années précédentes, les décès par suicide dans la population générale ont ainsi diminué de 20 % du 17 mars au 11 mai 2020, et de 8 % entre le 30 octobre et le 15 décembre de la même année. Les gestes suicidaires ont également diminué au début de la pandémie, "malgré une augmentation des troubles anxio-dépressifs et des difficultés de sommeil", peut-on lire dans le rapport. Quant aux hospitalisations en court-séjour pour lésions auto-infligées, elles ont chuté de 10 % sur 2020 par rapport à la période 2017-2019.
Selon l'Observatoire de la Drees, le service des statistiques des ministères sanitaires et sociaux, les confinements ont en effet "pu atténuer ponctuellement le risque suicidaire" en raison du "sentiment de partage d'une épreuve collective", mais aussi de la "surveillance accrue par les proches".
Les jeunes femmes toujours plus fragilisées
Reste que la baisse du nombre de passages à l'acte ne s'est pas confirmée après les confinements. Depuis fin 2020, les hospitalisations pour lésions auto-infligées ont nettement augmenté pour "les adolescentes et jeunes femmes, a contrario du reste de la population", souligne l'Observatoire.
Et pour cause, celles-ci ont été profondément fragilisées "par le premier confinement, avec une hausse des syndromes dépressifs, qui n'ont pas retrouvé les niveaux antérieurs à la pandémie une fois passées ses phases les plus aiguës". C'est en particulier les jeunes issues de milieux socio-économiques défavorisés qui ont été les plus concernées, la crise sanitaire ayant "accentué" les vulnérabilités psychologiques préexistantes.