La défense de l’environnement n’est pas qu’une affaire d’opinion politique, les émotions ont aussi leur importance. C’est ce que suggère une nouvelle étude de l’université du Michigan, publiée dans la revue Emotion. Dans une série d'expériences en ligne aux États-Unis, les chercheurs ont analysé les réponses et les réactions émotionnelles de plus de 600 personnes dans différents contextes.
Moins d’empathie pour l’environnement, moins d’empathie en général
Les personnes qui étaient les moins touchées émotionnellement par la diffusion d’images représentant des dommages environnementaux - comme le déversement de pétrole enflammé dans la mer - étaient aussi celles qui avaient le moins de réaction devant d'autres images invitant à l’empathie : des bébés en pleurs, des officiers en détresse, des athlètes ou des soldats blessés.
Les déclarations de ces personnes plus "impassibles" ont concordé avec les observations : elles ont dit ressentir moins d'empathie pour les gens de leur quotidien, qu'elles étaient moins pro-environnement et qu’elles étaient moins impressionnées par la nature. Ce groupe a également moins réagi aux images positives telles que des représentations de bébés heureux, de glaces et de liasses de billets. Le même résultat a été observé pour d'autres images plus généralistes pouvant susciter des émotions, par exemple le dégoût devant la vue d’aliments moisis.
Opinion politique ou réaction émotionnelle ?
Les résultats de cette étude démontrent que le désintérêt de certaines personnes pour l'environnement pourrait ne pas être particulièrement politique et ne refléterait pas forcément un désintérêt spécifique pour l'environnement. Mais il pourrait être une caractéristique de leur palette émotionnelle.
Selon les auteurs de l’étude, ce manque d’intérêt pour la crise climatique peut être dû au fait que, chez l’humain, la compréhension des risques et la prise de décision sont fortement motivées par les émotions. Les personnes les moins émotives seraient donc moins susceptibles de consacrer leur énergie à cette crise au long cours. Ce qui pourrait inspirer les associations de lutte pour l’environnement afin de concevoir de nouvelles stratégies pour convaincre ces personnes moins sensibles aux appels émotionnels.