- Tout médicament contient un principe actif qui se dégrade progressivement avec le temps, quel que soit le conditionnement.
- La plupart des médicaments ont une date de péremption de trois à cinq ans.
On ne finit pas toujours les boîtes de médicaments, les sirops pour la toux ou les pommades délivrées sur ordonnance. Le ministère de la santé recommande de "ne pas conserver de vieux médicaments chez soi". Il déconseille d’utiliser ces produits au-delà de leur date de péremption, "parce que les conditions de conservation n’ont été étudiées que pour une durée correspondant à cette date". "Au-delà, l’efficacité n’est plus garantie et certaines molécules peuvent même devenir dangereuses", précise le ministère. D’autres avis sont toutefois plus nuancés.
Des médicaments non-dégradés
Dans un avis publié en juillet 2016, la Société de Pneumologie de langue française rassemble les données scientifiques concernant les médicaments périmés. "La date de péremption est basée sur la stabilité du médicament dans son emballage scellé original", précise la SPLF. Au-delà de la date indiquée, cela ne signifie pas que le médicament est instable mais que "les données en temps réel ou les extrapolations issues d’études de dégradation accélérée indiquent que le médicament dans son emballage scellé sera toujours stable à cette date". En somme, des médicaments solides, conservés dans des conditions idéales, avec leur emballage d’origine, ne devraient pas être dégradés. En revanche, si le contenant a été ouvert, la date de péremption ne s’applique plus. "Un produit entamé se conserve beaucoup moins longtemps, avertit le groupement de pharmacies Giropharm. Par exemple, il est recommandé de ne plus utiliser un flacon de sirop ou un tube de pommade passé un délai de 30 jours après son ouverture."
Prudence avec les solutions
La Société de pneumologie de langue française est rassurante sur la dangerosité des médicaments périmés. "Aucun rapport faisant état d’une toxicité humaine due à l’ingestion, à l’injection ou à l’application topique d’un médicament actuel après sa date de péremption n’a été publié", indique-t-elle. En revanche, elle appelle à la vigilance concernant les produits ayant changé d’apparence. "Les médicaments en solution devenue troubles ou décolorés, ou qui montrent des signes de précipitation, en particulier les médicaments injectables, ne doivent pas être utilisés." Dans le cas des médicaments ophtalmologiques, certains composés peuvent s’évaporer avec le temps, or ils contiennent un agent de conservation qui permet de bloquer la croissance bactérienne, il est donc déconseiller de les utiliser.
Quelle efficacité ?
"Lorsqu’il n’existe pas d’autres solutions, les médicaments ayant dépassé leur date de péremption peuvent être efficaces", conclut la SPLF. La puissance dépend du médicament, de ses agents de conservation et des conditions dans lesquelles il a été conservé. "De nombreuses formes solides conservées dans des conditions raisonnables et dans leurs emballages originaux intacts conservent 90 % et plus de leur puissance pendant au moins 5 ans après la date de péremption inscrite sur l’emballage, et parfois beaucoup plus longtemps, estime l’organisme. Les solutions et les suspensions sont en général moins stables." Dans l'idéal, si c'est possible, mieux vaut toutefois éviter d'utiliser un médicament périmé. Quant aux boîtes périmées restantes dans votre armoire à pharmacie, il est recommandé de les déposer en officine. Ces produits sont ensuite récupérés et recyclés par l'association Cyclamed.
Notre armoire à #pharmacie a besoin d’être triée régulièrement, car nos #médicaments ne sont pas à conserver indéfiniment et ont une durée limitée. Alors, quand doit-on considérer qu’un médicament est « non utilisable » ? https://t.co/LqHI5WjGut
— Cyclamed (@Cyclamed_France) August 31, 2022