Le débat est sorti très largement des milieux interlopes où il était cantonné au XXème siècle… Rite initiatique dans une société qui n’en a plus ; affirmation de son identité et de sa différence ; esthétisme ? Le tatouage est devenu tendance, et jamais les tatoueurs n’ont eu autant de travail. Selon un sondage de l’FOP, un Français sur dix est tatoué et presqu’autant y pense sérieusement. Le désir de tatouage n’échappe désormais à aucune classe de la population.
Les composants des encres
Pourtant un gros coup de frein a déjà failli être donné en 2013. Les encres de couleur utilisées devaient être interdites en France par décision de l’Agence de Sécurité du Médicament (l’ANSM). L’arrêté date du 6 mars de cette année-là. Son application a été retardée puis mise aux oubliettes par la contestation de la profession qui a obtenu gain de cause.
L’opacité des fabricants sur les composants des encres était la première raison. Seuls le noir, le blanc, le gris, le vert et le bleu devaient passer à travers les mailles du filet, mais dans des teintes limitées. Mais désormais, il existe des règles précisées par service-public.fr, le site officiel de l’administration française.
Se faire tatouer est une pratique aussi ancienne que l’homme : Ötzi, notre vieil ancêtre retrouvé congelé dans les Alpes, était tatoué. Le nom nous vient du tahitien "Tatau". Le tatouage a acquis sa mauvaise réputation récente par son utilisation infamante chez les esclaves ou dans les camps de concentration nazis. Une symbolique que les plus jeunes contestent, préférant y voir un art développé par leurs idoles du sport ou du show-business, mais aussi des traders new-yorkais ou anglais…
Les encres, des produits de santé ?
Comme le piercing, que des mères aux oreilles pourtant percées, ont du mal à condamner, il faut regarder ce phénomène sans hystérie et n’apporter dans ce conflit de générations que des faits précis. Passé l’argument (pas forcément exact) de "c’est pour la vie", il y a aussi l’aspect légal : le tatouage est interdit chez les mineurs sans accord parental.
S’ajoute le problème des encres encore utilisées par certains tatoueurs. Les jaunes, rouges, certains bleus et verts contiennent des additifs qu’on ne connaît pas et qui, injectés dans la peau, passent immédiatement dans la circulation sanguine. La règle est de ne jamais se faire injecter un produit qu’on ne connaît pas selon le principe de précaution qui s’applique en médecine humaine. La solution serait de traiter les encres de tatouage comme les produits de santé, les colorants alimentaires, ou les produits cosmétiques, sous contrôle de l’ANSM. Un principe de précaution que conteste violement le Syndicat national des artistes tatoueurs.
Le détatouage, une pratique en plein essor
Si le tatouage est à la mode, le "détatouage" est une tendance en plein essor, en particulier aux Etats-Unis. Près d’un quart des étudiants américains ont un ou plusieurs tatouages, et la moitié d’entre eux demandent un traitement pour l’effacer quelques années plus tard. Il n’y a pas si longtemps, pour effacer un tatouage, il fallait passer par la chirurgie, avec souvent une grosse cicatrice à la clé, voire la greffe de peau. Aujourd’hui, le laser est le plus efficace et surtout le plus sûr. En fonction de la taille, de l’emplacement et surtout de la qualité de l’encre utilisée, une dizaine de séances suffit pour effacer totalement le dessin. Malheureusement, que pour les peaux blanches ; sur les peaux mates ou noires, le dessin disparaît moins bien. Long et coûteux, ce procédé, pour éviter les dangers, doit toujours se faire chez un dermatologue.
Pour choisir son tatoueur :
- Mains lavées, peau désinfectée ;
- Matériel stérile à usage unique (notamment gants et aiguilles) ;
- Suivre la règle du "no touch" qui consiste pour le tatoueur à ne rien toucher qui ne soit "protégé" ou à usage unique pendant qu'il tatoue.