D’après le dernier « Rapport annuel sur la tuberculose » de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publié ce mercredi, cette maladie a tué 1,3 million de personnes dans le monde en 2012. La tuberculose reste « un problème de santé majeur. » En effet, d'après l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), les acquis de la lutte antituberculeuse sont menacés par le fait que trois millions de patients échappent à tous les systèmes de santé. En outre, la résistance aux médicaments inquiète de plus en plus les experts.
Un malade de la tuberculose sur trois échappe aux systèmes de santé
Note positive de ce rapport, le traitement de la tuberculose a permis de sauver plus de 22 millions de vies. Autre bonne nouvelle, le nombre de décès dans le monde est en baisse. Il a été ramené de 1,4 million en 2011 à 1,3 million l'année passée.
Pourtant, pour le Dr Mario Raviglione, Directeur du Programme mondial de lutte antituberculeuse à l’OMS plusieurs zones d'ombre subsistent. « Beaucoup de gens échappent encore aux soins et souffrent. Ils ne sont pas diagnostiqués ou ne sont pas traités, ou l’on manque d’informations sur la qualité des soins qu’ils reçoivent », indique-t-il. L’Organisation estime ainsi que 75 % des trois millions de cas de tuberculose échappent aux activités de lutte qui sont concentrés dans 12 pays.
Comme explication à ces mauvais résultats, l'OMS évoque le manque de ressources pour la lutte antituberculeuse. « Les programmes antituberculeux n’ont pas les moyens de dépister et de traiter les personnes difficiles à atteindre, souvent en dehors du système de santé public ou formel. La faiblesse des maillons de la chaîne antituberculeuse (qui comprend le dépistage, le traitement et les soins) fait que certaines personnes échappent au système », soulignent les experts.
La progression de la tuberculose multirésistante inquiète
Mais ce qui inquiète le plus ces scientifiques, c'est la progression constante des formes multi-résistantes de la maladie. En 2012, environ 450 000 patients ont été concernés par ce phénomène. La Chine, La Fédération de Russie et l’Inde sont les plus touchés. Autre problème, avec ces formes multirésistantes, seulement 94 000 cas ont été certifiés par un test de dépistage rapide l'an dernier. Cela qui signifie que la détection n’est pas optimum. Trois cas de tuberculose multirésistante sur quatre ne seraient ainsi toujours pas diagnostiqués, selon l'OMS.
Plus inquiétant encore, près de 16 000 cas de tuberculose MR notifiés à l’OMS en 2012 n’avaient pas été traités, la longueur des listes d’attente constituant un problème croissant. En outre, de nombreux pays n’obtiennent pas des taux de guérison élevés en raison d’un manque de capacité des services et de la pénurie de personnels de santé.
Pour rappel, la tuberculose multi-résistante a fait irruption dans l’actualité française à la fin de l’année 2012, avec la découverte chez plusieurs migrants venus d’Europe de l’Est d’une forme particulièrement résistante aux antibiotiques. Selon une étude publiée par Eurosurveillance, on note une recrudescence de ces cas de tuberculose en France. De 50 cas en moyenne par an jusqu'en 2010, les médecins ont enregistré 69 cas en 2011 et 92 en 2012.
Les mesures à mettre en place
Dans ce rapport, l’OMS recommande donc cinq mesures prioritaires qui pourraient apporter un changement rapide d’ici 2015. Pour atteindre les trois millions de malades de la tuberculose qui échappent encore aux systèmes de notification nationaux, l'Organisation recommande d'élargir l’accès à des services de dépistage et de traitement de qualité dans tous les cadres médicalisés, publics, privés ou communautaires. Y compris pour les hôpitaux et les ONG qui desservent d’importants pourcentages de populations exposées.
Enfin, elle recommande de s’attaquer d’urgence à la crise de la tuberculose MR. Sur ce point, l'OMS souhaite un engagement politique de haut niveau. « L’appropriation par tous les partenaires, un financement suffisant et une coopération accrue sont ainsi nécessaires pour résorber les goulets d’étranglement dans l’approvisionnement en médicaments et développer les capacités de fourniture de soins de qualite », conclut l'Organisation.