- Les particules fines sont présentes dans les gaz d’échappement, la poussière des freins des véhicules et les fumées de combustibles fossiles.
- Selon une étude publiée en 2021 dans le British Medical Journal, les normes actuelles de pollution de l’air seraient insuffisantes pour prévenir le risque de maladies et de décès.
“Le risque de cancer du poumon [dû à la pollution atmosphérique] est certes plus faible que celui lié au tabagisme, mais nous ne contrôlons pas ce que nous respirons, explique le Pr Charles Swanton, principal auteur d’une étude présentée samedi 10 septembre au congrès de la Société européenne d’oncologie médicale (ESMO) sur le lien entre la pollution atmosphérique et le cancer du poumon chez les non-fumeurs. Nos actions contre le changement climatique, qui passent par la réduction de la pollution, sont intimement liées à notre santé”.
250.000 décès par an
Chaque année, il y aurait 250.000 décès par cancer du poumon dans le monde à cause de la pollution de l’air liée aux particules fines PM2,5. Il s’agit des particules en suspension dans l’air dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres.
Le cancer du poumon touche les non-fumeurs. Jusqu’à présent, les scientifiques avaient observé ce phénomène dû à la pollution atmosphérique, mais sans pouvoir réellement l’expliquer… C’est désormais chose faite, grâce aux travaux de l’équipe du Pr Charles Swanton. Les chercheurs ont découvert le mécanisme par lequel les polluants atmosphériques provoquent le cancer du poumon chez les non-fumeurs.
EGFR et KRAS
Les scientifiques ont d’abord observé que les particules fines provoquaient des modifications sur deux gènes naturellement présents dans l’organisme, les gènes EGFR et KRAS. S’ils ne sont pas mutés, ces gènes ne provoquent pas de cancer du poumon.
Mais, “seules, ces mutations ne suffisent probablement pas pour conduire au cancer, développe le Pr Charles Swanton. Mais lorsque vous exposez une cellule à la pollution, cela stimule probablement une sorte de réaction” inflammatoire, et si “la cellule héberge une mutation, elle formera un cancer”. C’est donc la mutation combinée à la réaction inflammatoire - deux phénomènes dus à la pollution atmosphérique - qui déclenchent la transformation tumorale de certaines cellules des voies respiratoires, qui peuvent ainsi devenir des cellules souches cancéreuses.
Démultiplie le potentiel cancérogène
“C’est bien l’exposition aux polluants qui démultiplie leur potentiel cancérogène, avance le Pr Swanton. Il faut un promoteur pour induire le cancer. C’est un modèle qui avait été théorisé dès 1947, mais qui a été négligé. La fumée de cigarette est, bien entendu, également un promoteur. Et il faut s’interroger sur le vapotage”.
Selon une étude publiée en 2019 dans la revue European Heart Journal, la pollution de l’air serait responsable de presque 9 millions de morts dans le monde.