- Un placebo est un produit qui ne contient aucun principe actif mais que l’on présente comme efficace. Le mot placebo vient du latin et signifie "je plairai".
- Beaucoup de médicaments, avec une réelle substance active, auraient une part de leur efficacité attribuée à un effet placebo.
- Il existe l'effet inverse du placebo, l’effet nocebo, qui concerne souvent les personnes rejetant certains médicaments ou vaccins.
Le fameux “bisou magique”, remède miraculeux qui permet de calmer son enfant quand il s’est fait mal quelque part, ou la petite sucette que certains pédiatres donnent aux bambins pour apaiser le traumatisme de la piqûre. Pourquoi cela marche aussi bien ?
C’est ce qu’on appelle l’effet placebo, un "effet thérapeutique obtenu par l’administration de comprimés, de liquides, d’injections et toutes procédures qui n’ont pas d’effet spécifique sur la maladie à traiter", selon Patrick Lemoine, psychiatre et auteur de Le Mystère du placebo. En d’autres termes, c'est un produit qui ne contient aucun principe actif mais que l’on présente comme efficace. Et cela ne fonctionne pas que sur les enfants.
L'effet placebo, un phénomène mystérieux connu depuis longtemps
Un exemple historique connu est celui de Henry Beecher. Durant la Seconde Guerre mondiale, cet anesthésiste américain devait soigner des combattants blessés mais commençait à manquer de morphine pour soulager leurs douleurs. Il leur a donc injecté une solution saline tout en continuant de leur affirmer qu’il s’agissait bien du précieux antidouleur. Il a alors remarqué que ses patients se sentaient soulagés et se plaignaient moins de leurs douleurs, comme s’ils avaient réellement reçu de la morphine. Très vite, il a réalisé que duper les patients de cette façon pouvait avoir une autre utilité : les essais cliniques. Il a donc ensuite été à l’origine de l’introduction systématique d’un groupe placebo dans les études cliniques, dès les années 50, pour tester des nouveaux traitements.
Aujourd’hui, la place de l’effet placebo dans le traitement médicamenteux est au centre de nombreux débats dans le monde scientifique. Si les recherches sur le sujet se sont accélérées ces dernières années, il s’agit d’un phénomène encore bien mystérieux. Mais alors, comment fonctionne-t-il ?
Le fonctionnement de l'effet placebo
Tout d’abord, il faut bien comprendre que les placebos peuvent avoir de réels effets sur des symptômes physiques avec, par exemple, une baisse de l’anxiété, de la douleur, ou de la fièvre. Car durant la prise d’un placebo, il se produit un vrai changement sur le plan physiologique et biochimique chez le patient, notamment au niveau du cerveau. Ce phénomène a beaucoup été étudié au sujet de la réponse à la douleur. La libération par le cerveau de deux neurotransmetteurs, l’endorphine et la dopamine, qui produisent un effet analgésique et une sensation de bien-être, a été observée après la prise d’un placebo pour soulager une douleur.
On a même découvert que des médicaments, avec de réelles substances actives, pouvaient avoir une part de leur efficacité attribuée à un effet placebo. Par exemple, le paracétamol ou l’aspirine. Quand on a l’habitude d'en prendre pour lutter contre un mal de crâne, la plupart du temps, les effets commencent avant même que la substance ait le temps d’être réellement active dans le cerveau. Car la forme, la couleur et le goût du comprimé ou du cachet ont été inconsciemment associés à une baisse de la douleur. Avec le même comprimé mais sans substance active, il est probable que l’on ressente la même chose. C’est un autre aspect du placebo, l’attente : l’anticipation psychologique par le corps d’un soulagement qui produit des effets physiologiques (libération d’endorphines et/ou de dopamine notamment).
L'effet nocebo, "jumeau" du placebo
L’effet placebo met en lumière l’influence d’effets psychologiques sur l’état physiologique. Et si le cerveau est capable de soulager certaines douleurs grâce au placebo, il peut aussi mener à des effets indésirables. C’est l’effet nocebo, l’inverse de l’effet placebo. Il est souvent associé à des personnes qui rejettent certains médicaments. Une étude JAMA, publiée fin janvier 2022, a mis en lumière ce phénomène par rapport à la vaccination contre la Covid-19. Les chercheurs ont montré qu’après la première dose, 35 % du groupe contrôle, qui n’avait donc pas reçu le vrai vaccin, rapportait des effets indésirables (31 % après la deuxième dose). Dans le groupe des personnes vaccinées, 46 % des participants faisaient état d’effets indésirables après la première dose (61 % après la deuxième dose). En faisant le ratio entre les pourcentages d’effets indésirables rapportés dans le groupe vacciné et le groupe contrôle, les chercheurs ont estimé que chez les personnes vaccinées, 76 % des effets systémiques après une dose de vaccin et 51 % après deux doses sont liés à l’effet nocebo. Des résultats qui prouvent l'influence de l'effet nocebo vis-à-vis de certains effets indésirables que l'on prête aux vaccins.