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En France et dans le monde

Pourquoi les AVC explosent chez les jeunes

Par Sandrine Chauvard avec Bruno Martrette

Selon une étude, les AVC frappent un nombre croissant d'adultes de moins de 65 ans, notamment dans les pays en développement. En cause, l'obésité et surtout le cannabis.

Cold River Productions /REX/SIPA
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Le nombre d' accidents vasculaires cérébraux (AVC) n'augmente pas seulement dans la population générale. Deux études publiées dans The Lancet ce jeudi soulignent la progression inquiétante du nombre d'AVC chez les 20-64 ans dans les pays à bas ou moyen revenu. 

17 millions d'AVC en 2010 dans le monde
L'étude néo-zélandaise, qui rassemble les données fournies par 119 pays (1), montrent que le nombre des AVC a augmenté de 25 % en 20 ans chez les 20-64 ans. Cela porte leur part dans le nombre total d'AVC à 31 % en 2010 contre 25 % en 1990. Au total, l'étude évalue à 16,9 millions le nombre d'AVC survenus à travers le monde en 2010, c'est 68 % de plus qu'en 1990. 
Par ailleurs, concernant la mortalité des deux types d'AVC (ischémiques et hémorragiques), elle a sensiblement baissé (-37 %) ces vingt dernières années dans les pays développés, alors qu'elle a augmenté de façon considérable dans les pays en développement (+42 %). 

Et selon les scientifiques, la situation ne va pas s'arranger. Les pays en voie de développement adoptent les habitudes alimentaires des pays développés. Ces nouveaux modes de vie associés à une consommation de tabac importante sont autant de facteurs de risques susceptibles de provoquer un AVC.
« Pour toutes ces raisons, le nombre absolu d'attaques cérébrales chez les jeunes va bientôt exploser dans ces pays en voie de développement », confie le Dr Yannick Béjot, neurologue et responsable du registre dijonnais des AVC.


Ecoutez le Dr Yannick Béjot 
: « On observe dans les pays émergents une augmentation des facteurs de risque de l'AVC par accès aux habitudes alimentaires des pays développés. Il s'agit ici de la mauvaise alimentation...»




Le cannabis fait augmenter le risque d'AVC chez les jeunes français
Mais pour Yannick Béjot, cette explosion des AVC concerne aussi la France. D'après le seul et unique registre français qui évalue l'épidémiologie des AVC à Dijon intra-muros (150 000 habitants), on observe une relative stabilité de l'incidence de ces accidents, mais dans le même temps, ces chercheurs constatent une augmentation du nombre de cas en nombre absolu. Dans une étude qui va être publiée au mois de novembre prochain, ces chercheurs ont en effet estimé cette hausse à 50 % par rapport à 1985.
En outre, ils relèvent clairement une augmentation inquiétante de l'incidence des AVC chez les moins de 55 ans, hommes et femmes confondus. « La faute aux facteurs de risques qui ne sont pas contrôlés (obésité, tabac, sédentarité...), mais surtout à la consommation de cannabis qui explose depuis quelques années dans le pays », précise le neurologue. En trente ans, les cas d'AVC sont en hausse de 4 % chaque année pour ces sujets de moins de 55 ans, considérés comme jeune pour un AVC. 

Ecoutez le Dr Yannick Béjot : « Chez les moins de 55 ans, l'incidence des cas d'accidents augmente. La faute aussi aux consommations de cannabis qui ont le sait sont responsables d'un grand nombre d'AVC chez les jeunes...»



Les systèmes de santé devront s'adapter 
Enfin, ce spécialiste dijonnais rappelle l'urgence pour les pouvoirs publics français de mener bientôt une grande politique du handicap post-AVC. La rééducation est, il est vrai, un élément essentiel de la prise en charge de l'AVC. Elle a prouvé son efficacité, même dans le cas d'accidents les plus sévères. Selon les symptômes, elle peut être assurée par un kinésithérapeute, un ergothérapeute ou un orthophoniste. Pour être pleinement efficace, la rééducation doit débuter le plus tôt possible après l'AVC, dès les premières heures d'hospitalisation. Elle sera poursuivie dans un centre spécialisé, puis à domicile. C'est pourquoi dans ce contexte d'augmentation du nombre de cas d'AVC, le Dr Yannick Béjot s'inquiète sur « la façon dont on va accueillir à l'avenir cet afflux de patients qui va aller en s'accroissant », conclut-il.

Ecoutez le Dr Yannick Béjot : « Pour ces sujets victimes d'AVC qui vont être de plus en plus nombreux, il va falloir vraiment revoir nos structures d'accueil après un accident...»



(1) 58 pays dont la population est considérée comme à haut revenu et 61 dont la population est considérée à bas ou moyen revenu.