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Maladies cardiovasculaires

Une taxe sur l'huile de palme pourrait sauver des milliers de vies

Par Bruno Martrette

Taxer l'huile de palme ferait baisser la mortalité cardiovasculaire dans les pays pauvres, qui en sont de gros consommateurs. Plus de 350 000 vies pourraient  être épargnées en Inde.

SIMON ISABELLE/SIPA

Les députés français ont rejeté ce jeudi les deux amendements visant à taxer l'huile de palme et  l'aspartame lors de l'examen en séance publique du projet de loi de finances de la Sécurité sociale 2014. Avec cette nouvelle taxe, le député Jean-Louis Roumegas (EELV), dépositaire des amendements, ne visait pas uniquement le Nutella.  L'huile de palme reste, en effet, largement utilisée dans les plats préparés et les gâteaux industriels vendus dans nos supermarchés. Pourtant d'après les nutritionnistes, elle reste à consommer avec modération. Les acides gras saturés qu'elle contient favorisent le dépôt de plaques riches en cholestérol sur la paroi interne des artères. Ce « mauvais gras » est un facteur de risque supplémentaire de maladies cardiovasculaires. Alors, à quoi pourrait mener une application de la taxe Nutella dans les pays qui en sont de gros consommateurs ?

La taxe Nutella sauverait plus de 300 000 Indiens tous les ans
Dans une étude publiée il y a quelques jours dans le BMJ et relayée dans le Jim.fr, une équipe internationale a cherché à évaluer l'effet qu'aurait une taxe sur l'huile de palme sur certains indicateurs de santé. Pour mener cette expérience, ces chercheurs ont choisi l'Inde, un pays à très forte mortalité cardiovasculaire où l'on consomme énormément d'huile de palme.
Grâce à un modèle de simulation, ils ont réussi à évaluer les bénéfices d'une taxe de 20 % sur l'huile de palme appliquée pendant dix ans (entre 2014 et 2023). En envisageant un scénario dans lequel aucune autre huile ne venait remplacer l'huile de palme, l'équipe a pu estimer qu'environ 363 000 décès par infarctus du myocarde ou par accident vasculaire cérébral pourraient être évités. 
En outre, si les consommateurs indiens venaient à remplacer les produits à base d'huile de palme par d'autres aliments à base d'huiles polyinsaturées plus saines (colza, arachide, tournesol), cette taxe serait encore plus bénéfique et permettrait ainsi de sauver environ 421 000 personnes. Mais selon ces chercheurs, « la réalité serait plutôt entre les deux extrêmes. »

La taxe profiterait davantage aux citadins
Cependant, une telle taxe profiterait plus à certaines populations qu'à d'autres, d'après ces projections. Les chercheurs estiment en effet que taxer l'huile de palme à 20 % sauverait davantage d'hommes que de femmes. Et les populations urbaines qui sont les plus touchées par les maladies cardiovasculaires seraient également celles qui en tireraient le plus de profit.
Les scientifiques tiennent malgré tout à nuancer leurs estimations. Selon eux, un scénario induisant une augmentation des produits à base d'huile de palme aurait également des conséquences désastreuses sur les dépenses alimentaires des ménages indiens les plus précaires. « L'insécurité alimentaire qui en découlerait pourrait aussi provoquer plus de 16 000 décès supplémentaires ! »