- Les IST sont des infections dues à des bactéries, virus et parasites qui sont transmis par voie sexuelle. Ces infections peuvent toucher tout le monde et se transmettent lors de rapport sexuels non protégés, vaginaux, bucco-génitaux ou anaux.
- Les baisses du recours au dépistage en 2020, observées à la fois pour le VIH et les IST bactériennes, peuvent laisser craindre un retard au diagnostic et une circulation plus importante de ces infections.
“Désormais, la possibilité de dépistage sera étendue à toutes les infections sexuellement transmissibles pour lutter le plus précocement possible contre la reprise des infections.” C’est ce qu’a annoncé le ministre de la santé, François Braun dans un entretien accordé au quotidien 20 Minutes mardi 20 septembre. Alors que seul le dépistage du virus de l’immunodéficience humaine (VIH, responsable du sida) était jusqu’ici gratuit, cette gratuité concerne dorénavant le dépistage de toutes les IST, sans ordonnance jusqu’à 26 ans. Cette mesure, en plus de celle de la gratuité de la pilule du lendemain à tout âge, sera inscrite dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023.
Les IST augmentent en France
M. Braun justifie cette mesure par un constat : “l’augmentation des infections sexuellement transmissibles, spécifiquement les Chlamydia et le gonocoque”. La chlamydia (ou chlamydiose) et la gonorrhée (aussi appelée “chaude-pisse”) sont deux des quatre IST les plus répandues, avec la trichomonase et la syphilis. D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), plus d’un million de nouveaux cas de ces quatre IST sont enregistrés chaque jour dans le monde.
Selon les données de Santé Publique France, ces infections sont en effet en augmentation depuis le début des années 2000. Entre 2017 et 2019, le nombre de diagnostics d’infection à chlamydia a augmenté de 29 %. Cette progression est plus marquée chez les femmes de 15 ans à 24 ans (+41 %) et chez les hommes de 15 ans à 29 ans (+45 %). Le nombre de diagnostics de gonorrhée a quant à lui augmenté de 21 %.
Cette augmentation s’explique pour deux raisons : une diminution de l’usage du préservatif et l’amélioration des outils de dépistage. Une enquête menée en 2021 auprès de 2.000 jeunes (en moyenne âgés de 20 ans) par la mutuelle étudiante Heyme montre que le port du préservatif est en effet loin d’être systématique, même lors de la pénétration : 26 % des répondants ne l’utilisent “pas tout le temps”, voire “jamais” lorsqu’ils rencontrent un nouveau partenaire. C’est pourtant le port du préservatif qui avait permis d’éradiquer les infections à chlamydia et à gonocoque dans les années 1980. De plus, selon une autre enquête Heyme datant de 2019, un peu moins d’un étudiant sur deux se fait dépister en cas de changement de partenaire et un étudiant sur cinq ne le fait jamais.
Les IST peuvent devenir dangereuses lorsqu'elles ne sont pas traitées
Le problème, c’est que si ces deux IST se soignent par antibiotiques lorsqu’elles sont diagnostiquées rapidement, elles peuvent devenir dangereuses si elles ne sont pas traitées. Celles-ci peuvent entraîner des complications comme des douleurs génitales, de l’arthrite, un risque de grossesse extra-utérine, et peuvent conduire à l’infertilité.
Or, sans dépistage, il est difficile de se rendre compte que l’on est infecté car ces IST sont souvent asymptomatiques. La plus fréquente, la chlamydia, causée par la bactérie "chlamydia trachomatis", ne provoque pas de symptôme dans plus de la moitié des cas. 124.082 cas d'infection à la chlamydia ont été recensées en 2020 chez les personnes de 15 ans et plus.
Selon certaines données plus récentes portant sur l’année 2020, on pourrait penser que le nombre d’infections aux IST baisse. Cependant, cette accalmie est directement liée à la baisse du nombre de dépistages. D’après Santé publique France, les dépistages des IST bactériennes en centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic ont chuté de 30 % en 2020 par rapport à 2019. Les professionnels de santé s'inquiètent du fait que, depuis les confinements, l’activité n’ait jamais repris comme avant. Ils craignent donc un effet boule de neige. Car qui dit dépistage tardif, dit diagnostic tardif : une personne infectée risque de transmettre la maladie a plus de personnes avant de se rendre compte qu’elle est elle-même porteuse d’une IST.