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Psychiatrie

Troubles mentaux : les enfants exposés à la pollution de l'air seraient plus à risque

Par Stanislas Deve

Une nouvelle étude suggère un lien entre l'exposition à la pollution de l'air pendant la petite enfance et le développement de troubles psychiatriques. Explications.

microgen /istock
L’impact de la pollution de l’air sur la santé est encore plus important chez les enfants, dont le système nerveux est encore en développement, et donc plus sensible et vulnérable à l’air vicié que celui des adultes.
Quelque 40.000 personnes décèdent chaque année des conséquences de la pollution de l’air, selon Santé publique France. Et dans le monde, elle est responsable d’environ 7 millions de morts en moyenne par an, d’après une étude de l’OMS.

Maladies cardiovasculaires et respiratoires, cancers des poumons, diminution de l’espérance de vie... La pollution de l’air a des conséquences désastreuses sur notre santé. Et ce, dès le plus jeune âge : alors que plus de trois enfants sur quatre respirent un air pollué, selon l’Organisation mondiale de la santé, de nombreux travaux ont prouvé que celui-ci faisait exploser les probabilités de souffrir d’asthme, d’allergies ou de troubles cognitifs - entre autres. Selon une nouvelle étude, il existerait même un lien entre l’exposition à la pollution de l’air pendant la grossesse et les premières années de la vie, et le développement de troubles psychiatriques.

La structure du cerveau est altérée par la pollution de l’air

Pour parvenir à ces résultats, publiées dans la revue Environmental Pollution, les scientifiques de l’Institut mondial de santé de Barcelone (ISGlobal) ont analysé les données de quelque 3.500 enfants inscrits dans le cadre d’une étude de cohorte menée sur plusieurs années à Rotterdam, aux Pays-Bas. Pour déterminer l’exposition de chaque participant à la pollution atmosphérique, ils ont calculé les niveaux de dioxyde d’azote (NO2) et de particules fines (les PM2,5, capables de pénétrer profondément dans les poumons et la circulation sanguine) à leur domicile pendant la grossesse de leur mère et jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de huit ans et demi. (A noter que les seuils de pollution enregistrés respectaient les normes de l’Union européenne, mais dépassaient celles de l’Organisation mondiale de la santé). Quelques années plus tard, les chercheurs ont alors fait passer une IRM cérébrale aux enfants, afin d'examiner les effets de la pollution de l’air sur la structure de leurs cerveaux.

Les conclusions sont claires : plus l’exposition de l’enfant avant l’âge de 5 ans est importante, plus la structure du cerveau à la préadolescence est altérée. Et, rappelle l’étude, il a été démontré qu’une "structure anormale de la matière blanche cérébrale [qui assure la connexion entre les différentes zones du cerveau] était associée à certains troubles psychiatriques, comme la dépression, l’anxiété ou les troubles du spectre autistique (TSA)".

Les enfants particulièrement touchés par la pollution de l’air

Ce n’est pas tout. La surexposition des tout-petits aux particules fines aurait aussi pour effet d’augmenter le volume de leur putamen, une zone du cerveau responsable entre autres de la fonction motrice et de l’apprentissage. Or, plus gros est le putamen à la préadolescence, plus grand est le risque de développer des troubles psychiatriques, tels que la schizophrénie ou les troubles obsessionnels compulsifs (TOC).

"Nous devrions suivre et continuer à mesurer les mêmes paramètres dans cette cohorte pour analyser les éventuels effets à long terme sur le cerveau de l'exposition à la pollution de l'air", explique Mònica Guxens, une des auteures de l’étude et chercheuse à l’ISGlobal, qui rappelle l’importance de protéger en priorité les enfants, dont le système nerveux est encore en développement et donc plus vulnérable.

L’impact de la pollution atmosphérique sur le bien-être des enfants – voire du fœtus pendant la grossesse – est régulièrement montré du doigt. Rien que depuis ce mois de septembre, on sait désormais que l’exposition à la pollution de l’air bouleverse le développement du microbiome intestinal des nourrissons, causant potentiellement obésité et diabète, ou encore augmente chez les enfants atteints d’autisme le risque d’être hospitalisés.