C’est une bactérie identifiée depuis longtemps, dont on ignore l’impact. Des scientifiques américains alertent sur les infections par Mycoplasma genitalium. Sexuellement transmissible, cette bactérie peut engendrer des douleurs génitales et des saignements, mais peut aussi provoquer une infertilité ou des fausses couches. À NBC News, plusieurs scientifiques confient leur inquiétude face à sa diffusion et sa résistance aux traitements.
Un nombre d'infections par la bactérie difficile à estimer
"C’est une vraie source de préoccupation", s’alarme la Dr. Irene Stafford, dans les colonnes de NBC News. Lors d’une conférence des Centres de contrôle et de prévention des maladies américains consacrée aux maladies sexuellement transmissibles, cette professeur de médecine materno-fœtale a appelé à plus de recherches et de tests sur cette bactérie. Pour le moment, les scientifiques peinent à estimer le nombre de personnes concernées. En 2019, un premier test pour détecter la bactérie a été approuvé par les autorités sanitaires américaines, la Food and Drug Administration.
Simon Clarke, professeur de microbiologie cellulaire explique que le problème est la "diffusion silencieuse" de la bactérie dans une interview au DailyMail. Les tests ne sont pas toujours connus du grand public, et les personnes infectées continuent d'en contaminer d’autres en l'absence de diagnostic. Le test est généralement réalisé lorsqu’une personne a des symptômes persistants, et qu’aucune autre infection sexuellement transmissible n’a été détectée. Par ailleurs, les médecins ne sont pas tenus de signaler les cas diagnostiqués aux États-Unis. Selon Lisa Manhart, professeur d'épidémiologie à l'École de santé publique de l'université de Washington, jusqu'à 20 % des femmes sexuellement actives et 16,5 % des hommes âgés de 15 à 24 ans pourraient être infectés par la bactérie.
Quels sont les symptômes de l’infection par Mycoplasma genitalium ?
Les personnes contaminées ne ressentent pas toujours de symptômes. Lorsque c’est le cas, ils sont variés : douleurs en urinant, écoulements anormaux, douleurs dans le bas-ventre, etc. Chez la femme enceinte, l’infection peut être responsable de fausses couches. Hommes et femmes sont aussi exposés à un risque d’infertilité. En mai dernier, une étude, parue dans Sexually Transmitted Infections, a démontré qu’une infection par cette bactérie multipliait par deux le risque d’accouchement prématuré.
Une bactérie résistante aux antibiotiques
L’un des risques majeurs associés à la bactérie est l’impossibilité de la soigner. "M. genitalium a rapidement développé une résistance à tous les antibiotiques utilisés pour la traiter, précise Lisa Manhart à NBC News. Nous avons déjà des infections incurables." Dans l’attente de nouveaux traitements efficaces, les autorités sanitaires recommandent de tester la résistance aux antibiotiques avant de fournir un traitement aux personnes infectées. Mais ces tests sont encore rares. Pour les scientifiques, la recherche est la solution : il faut lancer plus d’études scientifiques sur la bactérie, et sur sa résistance aux antibiotiques.