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Épidémie

Covid-19 : où en est l’enquête sur ses origines ?

Presque trois ans après les premiers cas de Covid-19 découverts en Chine, où en sommes-nous dans nos connaissances à propos de l’origine du Sars-CoV-2, le virus qui a déclenché une pandémie mondiale ?

Covid-19 : où en est l’enquête sur ses origines ? Pornpak Khunatorn/iStock




L'ESSENTIEL
  • Différentes hypothèses continuent d'être étudiées à propos des origines de l'épidémie de Covid-19.
  • Parmi elles, les auteurs de l’article se penchent sur l’hypothèse d’une origine zoonotique à partir de virus issus des chauves-souris, celle d’une infection dans un milieu naturel, ou bien une infection par un virus stocké voire manipulé génétiquement dans un laboratoire à Wuhan.

Plus de deux ans et demi ont passé depuis les premiers malades du Covid-19 recensés en Chine, en décembre 2019. Virginie Courtier, directrice de recherche CNRS en génétique et en évolution à l’université Paris Cité et Etienne Decroly, directeur de recherche en virologie à Aix-Marseille Université (AMU) sont revenus pour The Conversation France sur les dernières avancées de l’enquête sur l’origine du SARS-CoV-2, le virus responsable du Covid-19. Ils rappellent que, pour l’instant, “ni les virus progéniteurs (ancestraux) de l’épidémie, ni l’animal responsable des premières transmissions du virus à l’espèce humaine n’ont été clairement identifiés.” Néanmoins, différentes hypothèses restent d’actualité.

Covid-19 : tout a commencé au marché de Huanan, à Wuhan ?

Deux études publiées dans la revue Science en juillet 2022 suggèrent que l’épidémie aurait démarré au marché de Huanan, à Wuhan.

La première s’est penché sur la localisation géographique des premiers cas humains répertoriés de Covid-19 et a souligné leur concentration autour de ce marché. La zone du marché était fréquentée par de nombreux vendeurs d’animaux sauvages vivants qui auraient pu être les premiers porteurs du Sars-CoV-2 avant de le transmettre aux humains. Parmi les différents suspects, on trouve le renard roux, le blaireau ou le chien viverrin. De plus, l’étude signale que les prélèvements environnementaux effectués dans cette zone se sont avérés positifs au Sars-CoV-2.

La seconde s’est servie de l’analyse des séquences des premiers virus Sars-CoV-2. Résultat : la circulation de deux lignées virales distinctes nommées A et B a été identifiée au début de l’épidémie. Les premiers cas humains de Covid (entre le 23 octobre et le 8 décembre 2019) concernent la lignée B. Le virus de la lignée A serait parvenu à infecter l’humain quelques semaines après. Cependant, les auteurs rappellent “qu’aucun animal hôte intermédiaire portant le virus progéniteur n’a été identifié sur place. Les prélèvements positifs du marché semblent d’origine humaine puisqu’ils présentent les mêmes séquences virales que celles retrouvées chez les patients. De plus, les premiers cas occupaient des étals trop dispersés pour imaginer une contamination directe à partir d’une ou deux sources animales.”
D’ailleurs, aucun lien épidémiologique n’a pu être établi avec les premiers patients détectés infectés par la lignée A et les marchés. La lignée A semble plus proche des virus de la chauves-souris et aurait pu précéder la lignée B. Le marché aurait donc pu être simplement “un amplificateur de l’épidémie” sans pour autant être son véritable point de démarrage. "Les circonstances qui ont favorisé la propagation du virus au marché restent un mystère", soulignent les auteurs de l’article.

Le Covid-19, la conséquence d'un accident de laboratoire ?

Le “patient zéro” pourrait-il provenir d'un laboratoire chinois ? Trois laboratoires de Wuhan étudiant les virus des chauves-souris ont été ciblés dans les enquêtes : le laboratoire P4 de l’institut de virologie de Wuhan (WIV) à Zhengdian (sud de Wuhan), le laboratoire historique du WIV à Xiaohongshan, et le Center for Disease Control (CDC), installé à quelques minutes du marché de Huanan. Ces laboratoires stockent et étudient des virus prélevés en Asie sur divers animaux sauvages.

En septembre 2021, un document de 2018 divulgué par DRASTIC, un collectif de chercheurs de différents domaines (bactériologie, biotechnologies, neurobiologie, ingénierie, science des données, etc.), révèle que des expériences d’insertion de divers sites de clivage à la furine dans des virus de chauves-souris avaient été imaginées en collaboration entre le WIV et des laboratoires américains. "Le projet, soumis à la DARPA, n’a pas été financé et nous ne savons pas si de telles expériences ont finalement été menées", soulignent les auteurs de l’article. Selon eux, “l’hypothèse d’une création et d’une contamination volontaire semble improbable pour deux raisons : tous les pays ont été pris au dépourvu par l’arrivée des premiers cas de Covid-19, et aucun antidote n’était disponible au début de la pandémie.”

Le problème, c’est qu'en raison de l’absence d’enquête détaillée indépendante, internationale, et transparente et scientifique à propos de l’hypothèse des laboratoires, il est très difficile d’étudier de façon crédible cette piste.

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