Le syndrome de l’intestin irritable n’est pas que "dans la tête" des patients... Mais c’est pourtant un discours auquel peuvent être confrontés certaines personnes atteintes de cette pathologie également appelée colopathie fonctionnelle.
En effet, il n’existe ni marqueur biologique ni signe radiologique qui permettent de poser un diagnostic. Ce dernier repose donc sur un examen clinique par élimination d’autres pathologies.
Le syndrome de l'intestin irritable est multifactoriel
La colopathie fonctionnelle ne provoque pas de lésion organique, n'augmente pas le risque de développer un cancer ou une maladie inflammatoire et ne raccourci pas l'espérance de vie. Tout cela lui confère souvent une réputation de maladie bénigne due au stress. Or, ce n’est pas tout à fait juste. En effet, le psychisme pèse également dans la balance, comme dans la plupart des troubles qui touchent les intestins. "On retrouve fréquemment chez les personnes touchées des antécédents traumatiques d'agression ou de chocs affectifs", explique le Pr François Mion, gastro-entérologue et hépatologue, chef du service d'explorations fonctionnelles digestives au CHU de Lyon, auteur de Syndrome de l'intestin irritable (éd. Mango).
L'alimentation a un impact sur le syndrome de l'intestin irritable
Mais l’alimentation, notamment la consommation d’aliments ultra-transformés, peut l’aggraver voire la provoquer en perturbant le microbiote, c'est-à-dire l'ensemble des bactéries, champignons et virus présents dans nos intestins. Cette perturbation appelée dysbiose provoque un dysfonctionnement du tube digestif et une perméabilité intestinale qui entraîne le passage de molécules antigènes dans le sang, créant ainsi de l’inflammation à l’origine des diverses manifestations de l’intestin irritable.
Cette pathologie engendre des spasmes, des ballonnements, des brûlures et des gonflements abdominaux, une constipation ou des diarrhées et des gaz en excès. Mais les symptômes ne sont pas que digestifs : "Si le gros des douleurs ressenties est localisé au niveau de l'abdomen ou le long du trajet du côlon, les personnes qui sont concernées par le syndrome de l'intestin irritable souffrent parfois aussi de céphalées plus ou moins violentes, d'un épuisement pouvant aller jusqu'à la fibromyalgie ou la dépression, de problèmes gynécologiques, urinaires, articulaires et musculaires et de bouffées de chaleur”, indique le Pr François Mion.
Plusieurs voies thérapeutiques permettent de soulager les patients
Afin de soulager les patients, les experts recommandent une démarche médicale pluridisciplinaire avec la prise de probiotiques (des bonnes bactéries pour rééquilibrer le microbiote), des techniques de relaxation comme l’hypnose et la méditation et l’adoption d’un régime pauvre en Fodmaps. Ce sont des glucides à chaîne courte qui fermentent au contact des bactéries intestinales provoquant la plupart des troubles digestifs. On les retrouve dans les aliments tels que les laitages, les céréales avec gluten et certains légumes comme les choux et les oignons.
L’ostéopathie peut également soulager les symptômes du syndrome de l'intestin irritable et la fatigue qu'ils entraînent.