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Bun-out, erreur médicale...

Hôpital : les internes premières victimes de la surcharge de travail

Par Bruno Martrette

Les internes organisent ce week-end leur 1ère université de rentrée. Une occasion pour alerter sur leurs semaines de travail qui dépassent les 48h légales. Et sur les risques d'erreur médicale qui en découlent.

T.F.1-CHEVALIN/SIPA
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Des heures de repos obligatoires qui ne sont pas respectées, des semaines de travail qui dépassement largement les 48 heures réglementaires, cette triste réalité, c'est celle de nombreux soignants hospitaliers français. « Une surcharge de travail qui touche aussi les internes dans les hôpitaux », confie Emanuel Loeb, président de l'Inter syndicat national des internes (ISNI). Pour cette raison, la Commision européenne a lancé récemment un ultimatum à la France. Elle laisse deux mois au gouvernement français pour qu'il fasse en sorte que ses hôpitaux respecte la loi sur le temps de travail. C'est dans ce contexte toujours tendu que l'Isni organise ce samedi à Paris-Diderot sa première université de rentrée à laquelle assisteront des politiques de tout bord qui débattront des mesures nécessaires pour notamment mieux répartir les internes dans les services. pourquoidocteur dresse la liste des sujets épineux qui seront abordés à cette occasion.


Un nombre trop élevé de gardes par mois

Le service de garde normal d'un interne comprend une garde de nuit par semaine et un dimanche ou jour férié par mois. Mais des gardes supplémentaires au service de garde normal peuvent être réalisées dans les activités pour lesquelles « la continuité médicale est nécessaire et en cas de nécessité impérieuse. »
Ainsi, en moyenne, un interne effectue 4 gardes par mois avec des variations importantes entre les disciplines. La gynécologie-obstétrique, l’anesthésie–réanimation et les spécialités chirurgicales sont les 3 disciplines où le nombre de gardes est le plus important. 
Ce nombre trop élevé de gardes dans le mois, parfois jusqu'à sept dans certains établissements, fait considérablement exploser le volume d'heures hebdomadaires d'un interne à l'hôpital. Ainsi, d'après une enquête menée par l'ISNI en 2012, un interne travaille en moyenne 60 heures par semaine. D'autres études indiquent que plus de 65 % des internes en stage hospitalier travaillent plus de 50 heures hebdomadaires. Et dans certains cas extrêmes, des internes peuvent même faire jusqu'à 90h par semaine pour un stage aux urgences ou en chirurgie par exemple.


Ecoutez Emanuel Loeb
, président de l'ISNI : « Dans certains services, il y a des internes qui font 7-8 gardes par mois. Ce sont ces semaines de plus de 80h qu'a dénoncé l'Europe...»



Le burn-out menace aussi les internes...
D'après une étude de l’association Asspro scientifique, 30 % des spécialistes de bloc opératoire ont un niveau de stress supérieur à 8 sur 10. Cette fatigue morale et physique n'est pas sans conséquence et peut conduire droit au burn-out. Des études américaines font état d’un taux impressionnant de mises en invalidité pour cause de troubles psychiques parmi les professionnels de la santé, dont le taux de suicide (6 %) est presque deux fois plus élevée que celui du reste de la population. Et ce burn-out des hospitaliers semble aussi toucher les internes français. A cause du stress lié aux responsabilités, et à une surcharge de travail, des enquêtes ont fait ressortir que la moitié des internes en médecine générale se disent menacés par le burn-out. 

Ecoutez Emanuel Loeb, président de l'ISNI : « Les internes ont des difficultés à trouver des endroits où ils peuvent exprimer leur malaise. Ces situations où on accumule un stress important, additionnées à une difficulté à évacuer, peuvent conduire au burn-out...»


Un risque d'erreur médicale à la clé
En théorie, l'interne bénéficie d'un repos de sécurité à l'issue de chaque garde de nuit d’une durée de 11 heures immédiatement consécutive à la garde. Normalement, ce temps consacré au repos de sécurité ne peut donner lieu à l'accomplissement des obligations de service hospitalières, ambulatoires, ou universitaires.
Or, en pratique, le repos de sécurité n’est pas respecté pour 21 % des internes en médecine sondés par l'ISNI l'an dernier. Cette situation depuis longtemps dénoncée par l'Europe est évidemment lourde de conséquence pour les soignants mais aussi pour leurs patients. 15 % des internes interrogés déclarent avoir commis des erreurs médicales de prescription, de diagnostic ou même d’acte opératoire en lendemain de garde et plus de 39 % estiment qu’ils en ont probablement réalisées sans l’affirmer avec certitude. 


Ecoutez Emanuel Loeb
, président de l'ISNI : « Dans une enquête, on a montré que 25 % des internes qui venaient travailler sur leur repos de sécurité disaient avoir fait une erreur médicale avérée...»