Chaque année, près de 5.500 personnes sont touchées par le paludisme en France. Cette maladie infectieuse est due à plusieurs espèces de parasites faisant partie du genre Plasmodium. La transmission se fait par la piqûre d’un moustique femelle infecté par le parasite à l’origine du paludisme. La principale espèce porteuse de la maladie est l’Anopheles gambiae.
Les parasites (Plasmodium falciparum) se déplacent vers le foie pour s’y multiplier lorsqu’un moustique infecté par le paludisme pique un individu. Le stade hépatique est asymptomatique, mais les symptômes surviennent quand les parasites se propagent et contaminent les globules rouges.
Les globules rouges contaminés par le paludisme peuvent obstruer les vaisseaux sanguins responsables de l’irrigation du cerveau. Le neuropaludisme, une complication qui se manifeste par une forte fièvre et des convulsions, peut alors survenir. Cette forme grave de paludisme peut conduire à un coma.
Un vaccin pour empêcher la reproduction du parasite dans le foie
Une équipe du Seattle Children’s Research Institute et des National Institutes of Health (États-Unis) a récemment développé une première version d'un vaccin appelé PfGAP3KO. Pour y parvenir, ils ont génétiquement modifié les parasites responsables du paludisme chez des moustiques porteurs de la pathologie.
Les scientifiques ont eu recours au système CRISPR qui permet de couper l’ADN à un endroit précis du génome dans n’importe quelle cellule. Les chercheurs ont donc réalisé trois délétions, autrement dit des pertes de fragments de l’ADN, dans les gènes P52, P36 et SAP1 des parasites. Ces trois "coupes" les ont empêchés de se répliquer dans le foie et d’atteindre les globules rouges. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Science Transnational Medicine.
Des individus exposés aux piqûres de moustiques vecteurs du paludisme
Pour les besoins de l’étude, 26 participants ont été recrutés et vaccinés par des moustiques infectés par des parasites génétiquement modifiés. Pendant la recherche, les volontaires ont reçu leur dose de vaccin en plaçant un bras au-dessous d’un récipient, recouvert d’un filet, rempli de moustiques. Cette phase d’immunisation a été répétée trois à cinq fois.
Les scientifiques ont ensuite exposé 14 des 26 participants à des moustiques contaminés par des parasites du paludisme non-modifiés. Près de 50 % des volontaires n’ont pas développé d’infection au stade sanguin. Six mois plus tard, quelques sujets ont été à nouveau présenté à des moustiques infectés par le paludisme. Ils sont tous restés partiellement protégés contre l'infection.
Un vaccin proposant une meilleure réponse immunitaire
Pour l’heure, il existe uniquement un vaccin contre le paludisme qui est encore au stade expérimental : le "RTS,S". Depuis 2021, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande son utilisation pour les enfants vivant des zones de transmission modérée à forte de paludisme à Plasmodium falciparum.
Aux yeux des chercheurs américains, leur vaccin "vivant" présente une meilleure protection et immunité que la vaccin RTS, S. "Le RTS,S est un vaccin sous-unitaire, le système immunitaire répond donc à un seul antigène, alors que notre vaccin (…) exprime des milliers d’antigènes (…) Vous obtiendrez donc une réponse immunitaire à un grand nombre de ces antigènes", a affirmé le Docteur Ashley Vaughan, co-auteure principale de l'étude et professeur adjointe de pédiatrie à la faculté de médecine de l'université de Washington, dans un communiqué.
Le vaccin PfGAP3KO a majoritairement été bien toléré par l’ensemble des volontaires. Un seul effet indésirable a été recensé : une urticaire causée par les nombreuses piqûres de moustiques. À l’avenir, les chercheurs espèrent débuter un essai clinique avec une version injectable via des seringues de leur vaccin.