La transmission de la mémoire parentale épigénétique, donnée au moment de la fécondation et maintenue tout au long de la vie, se fait sur plusieurs générations, selon des chercheurs de l’université de Californie (États-Unis). Pour parvenir à cette découverte, ils ont réalisé une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).
Analyse de la marque épigénétique "H3K27me3"
Dans le cadre de ces travaux, les scientifiques ont analysé une modification particulière d'une histone, à savoir une protéine qui change la façon dont l'ADN est emballé dans les chromosomes. Cette marque épigénétique, appelée "H3K27me3", est connue pour désactiver ou "réprimer" les gènes concernés et se retrouve chez tous les animaux composés de plusieurs cellules. Pour les besoins des recherches, l’équipe a supprimé cette marque épigénétique dans les chromosomes des spermatozoïdes de Caenorhabditis elegans, une espèce de vers ronds. Ces spermatozoïdes ont ensuite été utilisés pour féconder des œufs.
Votre santé peut être influencée par le passé de vos parents et grands-parents
En examinant la progéniture résultante, les auteurs ont constaté que les gènes sur les chromosomes hérités du sperme de Caenorhabditis elegans n’ont pas été supprimés. Selon eux, les tissus ont ainsi activé des gènes qu'ils n'auraient normalement pas exprimés.
En clair, la modification des marques épigénétiques sur les chromosomes entraîne une altération de l'expression des gènes chez les descendants et les petits-enfants, ce qui est appelé l’"héritage épigénétique transgénérationnel". Ce phénomène peut expliquer comment la santé et le développement d'une personne peuvent être influencés par le passé de ses parents et de ses grands-parents. Par exemple : certains enfants sont plus susceptibles de souffrir d’asthme en raison des habitudes tabagiques de leurs parents et de leurs grands-parents.
"Nous pouvons réaliser des expériences génétiques étonnantes chez les Caenorhabditis elegans, qui ne peuvent être réalisées chez l’Homme. Les résultats de nos expériences sur les vers peuvent avoir de vastes répercussions sur d'autres organismes", a conclu Susan Strome, auteure principale de l’étude, dans un communiqué.