- Né en 1955 à Stockholm, Svante Pääbo est le pionnier de la paléogénétique, une approche qui a bouleversé nos connaissances de l'espèce humaine, de son histoire et de ses origines.
- Son père, Sune Bergström (1916-2004), avait lui aussi reçu le Nobel de médecine en 1982 pour des recherches au sujet des hormones. Leurs noms sont différents car Svante Pääbo est le fruit d’une aventure extraconjugale, comme il l’avait annoncé publiquement en 2014.
C’était la médecine qui était à l’honneur ce lundi pour ouvrir la saison des Nobel 2022. Le 113e prix Nobel de médecine a été remis au biologiste suédois Svante Pääbo, pour ses études génétiques sur les origines de l'espèce humaine.
“Ces différences génétiques entre Homo sapiens et nos plus proches parents aujourd’hui éteints étaient inconnues jusqu’à ce qu’elles soient identifiées grâce aux travaux de Pääbo”, a salué le comité Nobel dans le communiqué justifiant leur décision. En révélant ces différences qui distinguent les humains modernes des hominidés disparus, “ses découvertes ont donné la base à l’exploration de ce qui fait de nous, humains, des êtres aussi uniques”, a ajouté le jury.
Génétique : 2 % de nos gènes viennent des hominidés disparus comme Néandertal
Habitant en Allemagne depuis des dizaines d’années, Svante Pääbo travaille au prestigieux Institut Max-Planck. Il y a découvert en 2009 qu’un transfert de gènes de l’ordre de 2 % avait eu lieu entre les hominidés disparus, comme Néandertal, et l’homme moderne, Homo sapiens. L’homme de Néandertal a cohabité avec l’homme moderne sur le continent européen, avant de s’éteindre totalement il y a environ 30 000 ans, probablement à cause de la trop grande présence de l'Homo Sapiens qui venait originairement d'Afrique.
Ce transfert de gènes issus des anciens hominidés a eu une influence sur le développement de notre physiologie aujourd’hui, par exemple, sur la façon dont notre système immunitaire réagit aux infections. Ainsi, comme l’ont montré des récents travaux du chercheur suédois, les malades du Covid-19 qui sont porteurs d’un segment d’ADN de Néandertal, davantage présents en Europe et en Asie du Sud, sont plus à risque de complications sévères de la maladie. Ce segment est l’héritage d’un croisement avec le génome humain il y a quelque 60 000 ans.
Pour parvenir à ces découvertes, le scientifique suédois a dû surmonter les difficultés posées par la dégradation de l’ADN avec le temps. En effet, seules des traces peuvent encore être observées après des milliers d’années, largement contaminées par des bactéries ou des activités de l'humain moderne. Grâce au séquençage d’un os retrouvé en Sibérie en 2008, le scientifique a également révélé l’existence de l’homme de Denisova, un autre homininé inconnu jusqu’alors, qui vivait dans l’actuelle Russie et en Asie.
Nobel de médecine : un prix scientifique rarement attribué aux femmes
Le prix décerné à Svante Pääbo, qui s’accompagne d’une récompense de 10 millions de couronnes (920 000 euros environ), a quelque peu créé la surprise. Certes, le scientifique était considéré comme nobélisable pendant longtemps, mais il avait disparu de la liste des favoris ces dernières années.
Le nom d'une femme revenait particulièrement cette année chez les experts en prédictions : celui de la généticienne américaine Mary-Claire King. En 1990, elle avait découvert un gène responsable du cancer du sein, la tumeur maligne la plus fréquente chez les femmes.
Sur les 226 individus à avoir reçu le prix Nobel de médecine depuis sa création en 1901, seules douze femmes ont été récompensées, et ce, malgré les efforts des jurys pour sacrer davantage de femmes.
La saison 2021 des Nobel de médecine, qui avait couronné les Américains Ardem Patapoutian et David Julius pour leurs découvertes sur la façon dont le système nerveux transmet la température et le toucher, n’avait pas fait exception. Avec douze lauréats et une seule lauréate, tous les prix scientifiques avaient été attribués à des hommes.