- Près de 66 % des salariées sont pour l’instauration d’un congé menstruel en entreprise.
- Environ, 53% des femmes interrogées souffrent de dysménorrhées.
Le congé menstruel correspond au temps de repos supplémentaire accordé par les entreprises aux femmes salariées souffrant de règles douloureuses. En 1947, le Japon a été le premier pays a instauré ce dispositif. Au fil des années, la Corée du Sud, les Philippines, l’Indonésie ou encore la Zambie ont également mis en vigueur le congé menstruel. Pour l’heure, l’instauration d’un congé menstruel n’est pas prévue en France.
Dans un récent sondage mené par l’Ifop pour la marque de cups menstruelles Eva-and-Co, 1.000 salariées âgées de 15 ans et plus ont été interrogées sur la possibilité de la mise en place d’un congé menstruel, mais également sur l’impact des menstruations au travail.
Le congé menstruel, une solution pour compenser les difficultés liées aux règles
Un peu plus de la moitié des femmes en exercice ont indiquée souffrir de règles douloureuses. La dysménorrhée, autrement dit des douleurs menstruelles, a des effets négatifs dans la vie professionnelle de deux salariés sur trois. Différents problèmes auxquels elles peuvent être confrontées ont notamment été cités par les participantes : troubles de la concentration (48 %), difficultés à tenir debout ( 44 %) et à accéder aux toilettes pour changer de protection hygiénique (38 %).
Le congé menstruel pourrait donc être une alternative pour aider les femmes en activité salariale atteintes de dysménorrhée. Deux tiers des Françaises ont affirmé être favorables à l’instauration d’un congé menstruel en entreprise et deux tiers des femmes pourraient en bénéficier en cas de règles douloureuses. "Ce congé est considéré comme une solution qui peut compenser les moments de faiblesse et les réelles difficultés liés aux menstruations, notamment par celles qui sont, ou ont été, victimes de moqueries, ainsi que par les femmes dont les règles sont très douloureuses", a souligné Louise Jussian, chargée d’études au pôle "Politique/Actualités" de l’Ifop.
Une entreprise proposant un congé menstruel serait plus attrayante pour 66 % des femmes
Si la majorité des salariées sont pour la mise en place d’un congé menstruel, 82 % redoutent que ce dispositif devienne un frein à l’embauche et/ou à l’évolution des femmes. "Même s’il était mis en œuvre, le congé menstruel ne serait pas utilisé par l’ensemble des femmes susceptibles d’en avoir besoin parce qu’elles anticipent les conséquences vis-à-vis de leur entourage professionnel. Parmi celles qui disent qu’elles n’y auraient pas recours, plus de la moitié (53%) expliquent qu’elles craignent qu’on ne les croit pas ou qu’on les considère comme paresseuses", peut-on lire dans le document de l’Ifop. Cependant, 66 % des femmes interrogées ont estimé qu’une entreprise proposant un congé menstruel serait "plus attrayante".
Règles douloureuses : des moqueries ou des remarques désobligeantes
Les règles sont encore un sujet tabou dans les milieux professionnels. La moitié des salariées n’ont jamais abordé la question des menstruations en entreprise. Ce silence peut s’expliquer en partie par les remarques difficiles sur les règles. Une femme menstruée sur cinq a déjà subi des moqueries ou des remarques désobligeantes de la part de ses collègues. Les femmes travaillant dans le bâtiment et l’industrie sont celles le plus concernées par ces réflexions.
"À cette "invisibilité" de la question des règles au travail s’ajoute la crainte puissante que l’utilisation du congé menstruel donne lieu à des suspicions, à des moqueries, voire constitue un frein pour la carrière professionnelle des femmes, qu’il s’agisse de leur recrutement ou de leur évolution dans l’entreprise. Face à ce sentiment qu’ont les femmes d’une société pas encore prête à accepter sans préjugés le congé menstruel, l’instauration d’une telle mesure doit à l’évidence s’accompagner d’une libération de la parole visant à briser le tabou des règles et d’une phase de pédagogie auprès de l’ensemble des salarié(e)s et de leurs dirigeants", a précisé Louise Jussian.