Il y a deux principales formes de stress : celui dit chronique et l’autre dit “aigu”. Le premier correspond à un état durable lié à différentes sources de stress connues et/ou, parfois, insoupçonnées. En revanche, le second est généralement dû à un événement vécu comme difficile et soudain, et se traduit par une émotion intense et brutale.
Le stress use le corps : la charge allostatique
Selon une nouvelle étude, le stress chronique pourrait augmenter le risque de mourir d’un cancer. En effet, les auteurs ont démontré que le corps des personnes souvent stressées était plus usé, un phénomène appelé charge allostatique. "En réponse aux facteurs de stress externes, votre corps libère une hormone appelée cortisol, quand le stress est terminé, ces niveaux redescendent, explique Justin Xavier Moore, l’un des auteurs. Mais, si vous avez des facteurs de stress psychosociaux chroniques et continus, qui ne vous permettent jamais de "redescendre", cela peut entraîner une usure de votre corps au niveau biologique."
Pour comprendre l’impact du stress, les chercheurs ont analysé les données de santé de plus de 41.000 personnes. Il y avait l’indice de masse corporelle, la pression artérielle, le taux de cholestérol, l’hémoglobine A1C (des niveaux plus élevés indiquent un risque de diabète), l’albumine et la créatinine (les deux mesures de la fonction rénale) et la protéine C-réactive (qui montre l'inflammation). Toutes ces informations ont permis aux chercheurs de déterminer la charge allostatique. Ensuite, ils ont croisé ces données avec celles du registre américain des cancers.
2,4 fois plus susceptible de mourir d’un cancer
Ainsi, ils en ont conclu que les personnes ayant une charge allostatique élevée étaient 2,4 fois plus susceptibles de mourir d'un cancer que celles ayant une faible charge allostatique. Un résultat obtenu sans tenir compte d’autres variables. Pourtant, de précédents travaux avaient prouvé que les adultes âgés de 40 ans et plus présentaient un risque accru de charge allostatique par rapport à ceux de moins de 30 ans. De plus, quelle que soit la période, les adultes noirs et latinos présentent un risque plus élevé de charge allostatique par rapport aux personnes blanches.
"Nous savons qu'il existe des différences dans les charges allostatiques en fonction de l'âge, de la race et du sexe, confirme Justin Xavier Moore. Si vous êtes né dans un environnement où vos opportunités sont très différentes de celles des adultes de sexe masculin et blancs, par exemple si vous êtes une femme noire, votre trajectoire de vie implique de faire face à plus d'adversité.” Ils ont donc ensuite refait leurs calculs en tenant compte des facteurs sociodémographiques, comme le sexe, la race et le niveau d'éducation. Ainsi, les chercheurs ont observé que le stress chronique entraînait une augmentation de 21 % du risque de mourir d’un cancer.
En ajoutant d’autres éléments, comme la consommation de tabac ou le fait d’avoir déjà eu une crise cardiaque, les auteurs ont tout de même trouvé une augmentation de 14 % du risque de mourir d’un cancer en raison de la charge allostatique. L’idéal serait donc de réduire le stress de chacun, pour éviter de contracter un cancer… Une maladie pourtant très fréquente. En 2018, en France, 382.000 nouveaux cas ont été dépistés selon Santé publique France.