- Le nombre de nouveaux cas de maladie d'Alzheimer est estimé à plus de 225.000 personnes chaque année.
- Seule 1 démence sur 2 est diagnostiquée, tous stades confondus. Aux stades légers, seul 1 cas sur 3 est connu par le patient ou son médecin.
Sur 25 personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer aujourd’hui en France, 10 sont des hommes et 15 des femmes, selon l’Inserm. Cette différence ne pourrait pas être uniquement liée aux écarts d’espérance de vie. Une théorie, qui a pris de l’importance ces dernières années, affirme que les femmes présentent des taux plus élevés de protéine tau dans le cerveau. L’accumulation de cette protéine, transformée de façon anormale, est incriminée dans de nombreuses démences, dont la maladie d’Alzheimer.
Une nouvelle étude, publiée dans la revue Cell, apporte un nouvel argument à cette théorie. Les chercheurs de la faculté de médecine de la Case Western Reserve University aux États-Unis ont découvert que le cerveau des femmes possède un taux plus élevé d'une certaine enzyme par rapport à celui des hommes, ce qui entraîne une plus grande accumulation de la protéine tau.
La protéine tau impliquée dans la maladie d'Alzheimer à cause d'une enzyme ?
La protéine tau provoque la formation d'amas de protéines toxiques dans les cellules nerveuses cérébrales des patients atteints de la maladie d'Alzheimer. L'enzyme en question, quant à elle, a un nom un peu compliqué : peptidase 11 spécifique à l'ubiquitine, résumé sous l’acronyme USP11. Cette enzyme est également liée au chromosome X, l'un des deux chromosomes de l’ADN (XX pour les femmes et XY pour les hommes).
"Lorsqu'une protéine tau particulière n'est plus nécessaire au fonctionnement de sa cellule nerveuse, elle est normalement désignée pour être détruite et éliminée. Parfois, ce processus est perturbé, ce qui provoque l'agrégation de protéines tau à l'intérieur des cellules nerveuses, qui conduit à leur destruction", explique David Kang, professeur de pathologie à la faculté de médecine et co-auteur de l'étude, dans un communiqué. L’enzyme USP11 pourrait être impliquée dans cette perturbation du processus.
Alzheimer : cette découverte pourrait aider à développer de nouveaux traitements
Grâce à l’observation de l’accumulation de la protéine tau dans des cerveaux de souris, l’étude révèle que les cerveaux féminins expriment naturellement des niveaux plus élevés d'USP11 que les cerveaux masculins. De plus, les niveaux d'USP11 semblent fortement corrélés à l’accumulation de protéine tau chez les femmes mais pas chez les hommes. Selon les chercheurs, leur découverte suggère qu'une activité excessive de l'enzyme USP11 chez les femmes entraîne une plus grande accumulation de la protéine tau.
"Nous sommes particulièrement enthousiasmés par cette découverte car elle fournit une base pour le développement de nouveaux médicaments neuroprotecteurs qui pourrait rétablir le bon équilibre des niveaux de protéine tau dans le cerveau", a déclaré le professeur Kang. En effet, poursuit-il, "l'USP11 est une enzyme et les enzymes peuvent traditionnellement être inhibées pharmacologiquement. Notre espoir est de développer un médicament qui fonctionne de cette manière, afin de protéger les femmes du risque plus élevé de développer la maladie d'Alzheimer", conclut le chercheur.