En France, 91.875 personnes étaient en insuffisance rénale chronique terminale en 2020, selon l’Assurance maladie. Cette pathologie - aussi appelée maladie rénale chronique - peut être définie comme une diminution du fonctionnement des reins qui ne filtrent plus correctement le sang de l'organisme. Selon l’Assurance maladie, les deux principales causes de cette pathologie sont le diabète et l’hypertension.
Mais, selon une étude publiée dans la revue Kidney International, le risque de développer une maladie rénale serait en partie déterminé dès la naissance. Pour parvenir à leurs conclusions, ils ont analysé cinquante reins de donneurs adultes.
Comment fonctionne un rein ?
Chez les humains, les deux reins sont situés derrière l'abdomen. L’un se situe à gauche de la colonne vertébrale et l’autre à droite. Par jour, les artères rénales apportent environ 1.700 litres de sang aux reins pour qu’ils les filtrent. Cette fonction est essentielle car elle permet d’éliminer et d’évacuer les déchets dans les urines pour ne garder que les substances utiles au bon fonctionnement de l'organisme. Mais cela permet aussi de maintenir la pression artérielle au bon niveau ou encore que la composition du sang reste constante (quantité d'eau, de sel, de potassium...).
Les reins sont composés de glomérules - les filtres sanguins - qui ont des cellules individuelles, appelées podocytes. Durant leurs travaux, les chercheurs ont découvert que les reins qui avaient le plus de glomérules contenaient également plus de podocytes par filtre. Cela signifie que les patients qui avaient plus de glomérules avaient aussi davantage de podocytes dans l'ensemble et que ces cellules étaient donc plus concentrées dans chaque filtre.
Certains naissent avec un double risque de souffrir de maladie rénale chronique
"L'étude a montré pour la première fois que les reins humains avec plus de glomérules contenaient plus de podocytes par filtre, explique John Bertram, l’un des auteurs de l'étude, dans un communiqué. Nos résultats suggèrent que certaines personnes naissent avec une sorte de double protection contre les maladies rénales, tandis que d'autres naissent avec un double risque". En effet, à la naissance, certains n’ont que 200.000 glomérules, tandis que d'autres en ont plus de 2 millions.
Mais quelles sont les personnes les plus à risque ? Selon les chercheurs, les bébés prématurés et ceux qui ont un faible poids à la naissance auraient généralement moins de glomérules et donc un risque accru de maladie rénale chronique et d'hypertension artérielle. Selon les auteurs, il est impossible d’augmenter le nombre de glomérules après la naissance car il est fixé lorsque le bébé est encore dans le ventre de sa mère, aux environs de la 36ème semaine de gestation.
Maladie rénale : l’alimentation et la consommation d’alcool jouent un rôle
Néanmoins, l’alimentation et la nutrition peuvent jouer un rôle : “des études chez l'homme et des modèles animaux ont démontré qu'une mauvaise nutrition maternelle, une exposition à l'alcool, une carence en vitamines, un diabète gestationnel, etc. peuvent entraîner une progéniture avec un faible nombre de glomérules", indique John Bertram. Ainsi, en ne s’autorisant aucune goutte d’alcool et ayant une alimentation équilibrée, les mamans peuvent préserver la santé de leur futur bébé… Des conseils que les chercheurs recommandent aussi d’appliquer plus tard.
"Beaucoup de gens souffrent ou vont souffrir d’une maladie rénale chronique et/ou d’une hypertension artérielle, conclut John Bertram. Ils ne peuvent pas modifier leur nombre de glomérules ou de podocytes, mais ils peuvent prendre soin de leur santé et améliorer leur mode de vie pour essayer d'éviter, ou au moins de retarder, le développement du diabète de type 2 et de l'hypertension artérielle, les deux principales causes de l'insuffisance rénale chronique”.