Deux millions de jeunes pourraient être concernés par cette mesure selon la ministre de la Santé Marisol Touraine. Les députés ont adopté vendredi, dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2014, une mesure visant à lutter spécifiquement contre le tabagisme des jeunes. Les 20-25 ans pourront être remboursés jusqu’à 150 euros par an pour l’achat de substituts nicotiniques (patchs, gommes, pastilles…), ce qui correspond à un triplement de l’aide au sevrage accordée aux autres assurés pour lesquels le forfait annuel n’est que de 50 euros. Les femmes enceintes et les personnes de milieux sociaux défavorisés couvertes par la CMU bénéficient déjà de ce forfait de remboursement de 150 euros. Le gouvernement a évalué que si 60% des fumeurs de 20 à 25 ans étaient désireux d’arrêter de fumer, cette mesure représenterait un surcoût de l’ordre de 40 millions d’euros pour l’Assurance Maladie.
Le remboursement à 100% serait coût-efficace
En mai dernier, une étude médico-économique publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire préconisait d’aller beaucoup plus loin. « Nous avons comparé le scénario actuel du forfait de 50 euros une fois par an à un scénario dans lequel la sécurité sociale prendrait totalement à sa charge le coût de 200 euros environ des traitements et des consultations de sevrage tabagique pour tous les fumeurs qui le souhaiteraient une fois tous les 2 ans et pour 4 tentatives », expliquait alors l’économiste de la santé Karine Chevreul, co-auteur de cette étude à PourquoiDocteur. Cette deuxième stratégie s’avère particulièrement coût-efficace sur le long terme pour prévenir les accidents cardio-vasculaires. Le remboursement intégral du sevrage tabagique représenterait un investissement de 1786 euros par année d’espérance de vie gagnée pour un fumeur tandis qu’il faut dépenser 2579 euros de remboursement de statines dans la lutte contre le cholestérol pour un gain d’un an d’espérance de vie.
Cette prise en charge à 100 % du sevrage tabagique est déjà recommandée depuis 2005 par la Haute autorité de Santé et le Royaume-Uni et le Québec ont déjà franchi le pas. Mais la ministre de la santé s’oriente visiblement vers un dispositif moins coûteux à court terme pour les comptes publics. Le vote solennel du projet de loi de financement de la sécurité sociale est prévu mardi à l'Assemblée nationale et son examen doit se poursuivre au Sénat entre le 12 et le 16 novembre prochain.