Il faut dix ans en moyenne entre l’apparition du trouble bipolaire et la mise en place d’un traitement adéquat, selon la Haute autorité de santé. Il est caractérisé par une alternance de phases, dépressives et maniaques, mais se manifeste de manière différente chez chacun des patients, ce qui peut le rendre compliqué à diagnostiquer. Pour y remédier, une équipe de recherche du CHU de Montpellier travaille sur un test sanguin pour repérer plus facilement la pathologie.
Réduire le risque d’une confusion entre dépression et troubles bipolaires
Dirigée par Raoul Belzeaux, professeur de psychiatrie et chercheur au CHU de médecine de Montpellier, l’équipe est partie d’un constat : les troubles bipolaires sont souvent confondus avec d’autres pathologies."Comme le problème le plus fréquent, c’est la dépression, on identifie aujourd’hui souvent les patients comme souffrant d’une dépression et pas de troubles bipolaires", explique Raoul Belzeaux à 20 Minutes. Or, traiter des patients atteints de troubles bipolaires avec des antidépresseurs peut soit être inefficace, soit entraîner une aggravation de leur dépression voire "générer des phases d’exaltation délétères".
Bipolarité : détecter la maladie grâce à une prise de sang et à l’intelligence artificielle
Le professeur de psychiatrie et son équipe ont donc mis au point ce nouveau système de dépistage. Grâce à une prise de sang, il est possible d’analyser les cytokines, des cellules impliquées dans l’inflammation et la réponse immunitaire, pour repérer les troubles bipolaires. En parallèle, l’utilisation de l’intelligence artificielle permet de croiser différentes données comme l’âge, la consommation de tabac, la nature et l’intensité des troubles, etc. À la fin, le diagnostic devra être confirmé par un professionnel de santé. "Ce test a vocation à être inscrit sur la liste des produits autorisés et remboursés par l’Assurance maladie, au bénéfice du patient et de notre système de santé", précise la fondation Fondamental dans un communiqué, à l’occasion de la remise du prix Marcel Dassault pour l’innovation en psychiatrie, décerné à Raoul Belzeaux le 13 octobre dernier.
Mieux diagnostiquer le trouble bipolaire pour mieux prendre en charge les patients
L’amélioration du dépistage des troubles bipolaires vise à réduire certains risques associés à la pathologie. Dans un document, le CHU de Montpellier explique que les personnes concernées sont exposées à un risque élevé de tentative de suicide dans les premières années de la maladie. Ces spécialistes observent aussi une tendance à l’abus de substances nocives : "Plus de 50 % des personnes avec un trouble bipolaire présentent un abus d’alcool et de drogues durant leur maladie." Le CHU précise que l’abus d’alcool et de substances "augmente le risque de déclenchement d’épisodes de l’humeur et aggrave ces épisodes". Mais les troubles non-traités peuvent aussi entraîner différents problèmes dans la vie privée et professionnelle. Pour réduire les risques, le professeur Belzeaux espère pouvoir rapidement développer le test sanguin. Les premiers résultats des essais cliniques sont attendus en 2024.