- Chez les chats, l'insuffisance rénale est un dysfonctionnement des reins qui entraîne une mauvaise élimination des toxines (urée) dans le sang et touche plus particulièrement les chats vieillissants.
- Ce trouble est le plus souvent chronique et correspond alors à une destruction progressive et incurable du rein.
- La France compte plus de 14 millions de chats domestiques, selon une enquête Kantar.
Des virologues du Centre de recherche sur les vaccins de l'université de Pittsburgh ont étudié un virus qui provoque une insuffisance rénale chronique chez les chats. Dans leur étude publiée cette semaine dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), la revue officielle de l'Académie des sciences des Etats-Unis, les chercheurs décrivent le mécanisme d'infection du virus et soulignent qu’il pourrait être capable d’infecter les humains.
Un virus de la même famille que la rougeole
Ce virus, c’est le morbillivirus félin, ou FeMV, de la même famille que le virus de la rougeole. Découvert pour la première fois chez des chats errants à Hong Kong il y a dix ans, le FeMV a depuis été trouvé chez des chats domestiques en Asie et en Europe. Alors que de précédentes études ont établi un lien entre les infections par le FeMV et les maladies rénales chroniques chez les chats - l'une des principales causes de décès chez ces animaux quand ils sont âgés - cette nouvelle étude fournit un premier aperçu clair de ce virus peu étudié et de sa trajectoire potentielle, de l'infection des animaux jusqu’à l'homme.
Le FeMV pénètre dans les cellules en se liant à un récepteur de protéine de surface appelé CD150, tout comme la rougeole. C’est pourquoi les personnes vaccinées contre la rougeole sont protégées contre l'infection par le FeMV. Cependant, l'éradication de la rougeole pourrait présenter une opportunité évolutive pour d'autres morbillivirus, tels que le FeMV, de rechercher de nouveaux hôtes et de sauter sur des personnes non vaccinées. De plus, contrairement à la rougeole, ce virus semble pouvoir se propager d'hôte à hôte par l'urine de la même manière que le virus Nipah hébergé chez les chauves-souris, qui provoque régulièrement des épidémies chez l'homme dans toute l'Asie du Sud-Est.
En créant une version génétiquement modifiée du FeMV contenant une sonde fluorescente, les chercheurs ont pu suivre sa propagation dans les cellules et les organes. Ils ont découvert que sa transmission peut être stoppée en inhibant une classe d'enzymes, appelées cathepsines. Les virologues remarquent que ces cathepsines sont principalement utilisées par les virus Nipah mais pas par les morbillivirus, ce qui suggère que le FeMV est un intermédiaire évolutif entre les deux familles virales.
Maladie émergente : "la préparation est essentielle pour éviter une épidémie"
"Le morbillivirus félin est resté sous le radar pendant de nombreuses années, a déclaré l'un des auteurs principaux, le professeur Paul Duprex, directeur du Centre de recherche sur les vaccins de l'université de Pittsburgh, dans un communiqué. Nous sommes désormais en mesure de mettre en lumière son lien avec l'insuffisance rénale chronique des chats et de mieux comprendre comment nous pouvons arrêter la transmission et les retombées potentielles sur les populations humaines." Le chercheur souligne que "la préparation est essentielle pour éviter une épidémie".
"Il est important de comprendre les agents pathogènes des animaux car ceux-ci peuvent devenir les agents pathogènes des humains", a ajouté Duprex. "En savoir plus sur les virus qui infectent les chats n'est pas seulement important pour réduire les taux d'insuffisance rénale chez nos animaux de compagnie bien-aimés, mais nous aide également à comprendre quelque chose de nouveau sur les maladies infectieuses émergentes et comment elles peuvent se propager à différentes espèces animales", conclut le professeur.