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Epidémie

Peste noire : 700 ans après, l'épidémie a encore des conséquences sur la santé

Par Margot Montpezat

D’après une étude, les descendants des survivants de la peste noire sont plus exposés aux maladies auto-immunes.

PicturesHeal/iStock
La peste noire a sévi en Europe, en Asie occidentale et en Afrique du Nord au milieu du XIVe siècle.
Cette maladie infectieuse a tué jusqu'à 50 % de la population européenne d’après le CNRS.

La pandémie de coronavirus que l'on subit actuellement va-t-elle impacter les gènes et donc la santé des générations futures ? C’est une question qu’il est légitime de se poser au regard des résultats fascinants d’une étude parue dans Nature.

En effet, d’après des chercheurs français et américains, les personnes porteurs de certains gènes protecteurs contre la peste noire au Moyen-Âge ont également transmis ces gènes à leurs descendants, les protégeant à leur tour.

Mais cet héritage génétique les a rendu plus susceptibles de développer d’autres maladies qui touchent le système immunitaire comme la maladie de Crohn et l’arthrite rhumatoïde.

Ainsi, il apparaît que ce qui permet de survivre à une époque peut altérer la survie et provoquer d'autres maladies à une autre époque.

La peste noire a façonné l'évolution des gènes immunitaires

Pour mener leurs recherches, la scientifique de l’université de Chicago Jennifer Klunk, en association avec des chercheurs de l’université McMaster (Canada) et de l’Institut Pasteur, ont analysé plus de 200 échantillons d’ADN.

Certains ont été extraits des restes d’individus morts avant, durant ou après la peste noire à Londres et d’autres échantillons ont été prélevés sur des restes humains dans cinq localités au Danemark. Parmi les quatre gènes associés à une survie à la peste noire, un a particulièrement attiré l’attention des scientifiques. En effet, les personnes ayant le gène ERAP2 étaient moins touchées par la peste et ont eu un taux de survie supérieur de 40 à 50 % par rapport à ceux dotés de variants de gènes différents.

Les survivants ont donc transmis ce gène à leurs enfants, développant une meilleure résistance à cette maladie dans la population, ce qui est un beau témoignage de l’adaptation génétique humaine : "Les épidémies de peste quasi décennales survenues au cours des quatre cents années qui ont suivi la deuxième pandémie en Europe ont souvent (mais pas toujours) été associées à des taux de mortalité réduits", indiquent les auteurs.

Maladie de Crohn: le gène ERAP2 augmente les risques

Or ce gène est également "associé à une susceptibilité accrue aux maladies auto-immunes", selon l'étude. Posséder le gène ERAP2 est en effet un facteur de risque pour la maladie de Crohn, une maladie inflammatoire chronique de l'intestin qui touche près d'une personne sur 1 000 en France.

Les auteurs de l'étude estiment que leurs travaux prouvent "le rôle joué par les pandémies passées dans la détermination de la vulnérabilité actuelle aux maladies".