Il est largement reconnu que la solitude et le manque de relations et d’interactions sociales favorisent le risque de développer une forme de démence avec l’âge. Et visiblement, cela fonctionne aussi dans l’autre sens : d’après une étude publiée dans la revue The Lancet Healthy Longevity, la vie avec les autres, l'engagement dans un groupe communautaire et le fait de ne jamais se sentir seul sont associés à un déclin cognitif plus lent.
Quel rapport entre liens sociaux et risque de démence ?
Dans le cadre de leurs travaux, dirigés par le Centre for Healthy Brain Aging (CHeBA) de l'université de Sydney (Australie), les scientifiques ont compilé les données de treize études internationales impliquant un total d’environ 40.000 personnes venant de six continents. En s’attardant sur le mode de vie des participants, les chercheurs ont enquêté sur les différents critères indiquant de "bons liens sociaux", comme le fait de vivre avec d’autres ou le fait d’être marié. L’objectif : déterminer quels types et quelle quantité de liens étaient le plus corrélés à une réduction du risque de déclin cognitif et de démence.
"Notre objectif était d'étudier l'association entre divers marqueurs de lien social et le taux de changement annuel de la cognition. Nous avons également examiné chaque connexion sociale variable individuellement pour comparer leurs impacts sur le déclin cognitif", explique le professeur Henry Brodaty, co-auteur de l’étude et co-directeur du CHeBA, dans un communiqué.
Sans isolement social, moins de déclin cognitif
Les conclusions sont sans appel : "Le partage d'une maison avec une ou plusieurs personnes, ainsi que l'engagement hebdomadaire des groupes communautaires ont les résultats les plus robustes dans toutes les études, indiquant que ces facteurs sont fondamentalement associés à un déclin cognitif moindre", ajoute le chercheur. Ce n’est pas tout : "Nous avons également identifié une association entre ne jamais se sentir seul et un taux de déclin cognitif plus lent." En revanche, aucune association significative n’a été observée entre le degré de soutien social, le fait d'avoir une confidente ou la satisfaction relationnelle et le déclin cognitif.
Les recherches futures seront importantes pour reproduire ces résultats et, surtout, pour déterminer si des interventions au niveau individuel ou sociétal peuvent améliorer les liens sociaux et atténuer la solitude. Et aboutir un jour à un "changement de politique pour mieux prévenir la maladie d'Alzheimer et d'autres démences", conclut professeur Perminder Sachdev, co-auteur de l’étude.