Le jeûne par intermittence consiste à s’alimenter uniquement durant certaines heures de la journée et à se priver de nourriture le reste du temps. S’il a la réputation d’être un moyen efficace pour perdre rapidement du poids, il pourrait toutefois nuire aux hormones de reproduction des femmes. C’est ce que vient confirmer une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’université de l’Illinois à Chicago (Etats-Unis), et publiée dans la revue Obesity.
Un jeûne intermittent suivi par des femmes durant deux mois
Pour parvenir à leurs conclusions, l’équipe de scientifiques a observé un groupe de femmes souffrant d'obésité, ménopausées ou non, sur une période de deux mois au cours desquels elles devaient suivre un jeûne intermittent sur la méthode du "régime guerrier". Les volontaires étaient ainsi autorisées à une fenêtre d’alimentation de 4 ou 6 heures par jour (mais illimitée en termes de calories). Grâce à des analyses sanguines, les chercheurs ont ensuite comparé leurs résultats, et notamment mesuré les niveaux d’hormones chez les femmes ayant suivi le jeûne intermittent et chez celles n’ayant eu aucune restriction alimentaire.
Concernant la masse corporelle, sans grande surprise, les femmes ayant suivi le régime ont perdu 3 à 4% de leur poids initial, tandis que les autres n’ont quasiment rien perdu. Elles ont également constaté une baisse de leur résistance à l’insuline, ce qui permet de mieux éliminer le glucose et les graisses.
Un impact sur une hormone cruciale à la reproduction
Mais c’est surtout au niveau hormonal que les différences ont été notables. Les chercheurs ont ainsi observé que le niveau de déhydroépiandrostérone (DHEA), une hormone que les cliniques de fertilité prescrivent pour améliorer la fonction des ovaires et la qualité des ovules, était significativement plus faible (-14 %) chez les femmes ayant effectué le jeûne alimentaire que chez celles ayant mangé normalement, peu importe qu’elles soient ou non ménopausées. Reste que "les participantes n’ont signalé aucun effet secondaire associé à un faible taux d’œstrogènes [dont la DHEA est un des composants principaux], comme un dysfonctionnement sexuel ou des changements cutanés", fait remarquer la professeure Krista Varady, auteure principale de l’étude, dans un communiqué. C’est pour cela que la recherche doit aller plus loin.
"Je pense que c'est un excellent premier pas, assure la scientifique. Nous avons observé des milliers de femmes pré- et post-ménopausées à travers différentes stratégies de jeûne alterné et à durée limitée. Tout ce que cela fait, c'est que les gens mangent moins. En raccourcissant cette fenêtre alimentaire, vous réduisez naturellement les calories." Et de conclure : "La plupart des informations négatives qui sont rapportées sur le jeûne intermittent proviennent d'études sur des souris ou des rats. Nous avons besoin de plus d'études pour examiner les effets du jeûne sur les humains."