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Addiction

Tabac : voilà pourquoi les femmes ont plus de mal à arrêter la cigarette

Par Margot Montpezat

L’addiction à la cigarette serait plus forte chez les femmes parce que la nicotine bloque la production d'œstrogènes dans leur cerveau, d’après des chercheurs.

Panksvatouny/iStock
En France, plus d’une femme sur cinq fume quotidiennement d’après le rapport 2022 du Comité National contre le Tabagisme.
Le tabac est responsable d’un décès sur cinq chez les femmes de moins de 65 ans d’après l’Alliance contre le tabac.

Arrêter de fumer serait plus difficile pour les femmes et cela s'explique. Des chercheurs suédois, dont l’étude a été présentée lors du congrès annuel de l'European College of Neuropsychopharmacology (ECNP) à Vienne, ont en effet découvert que la dose de nicotine contenue dans une seule cigarette bloque la production d'œstrogènes dans le cerveau des femmes au niveau du thalamus - qui fait partie du système limbique du cerveau.

Une seule cigarette suffit à impacter le cerveau 

Ce système, impliqué dans les réponses comportementales et émotionnelles devient donc une cible pour les drogues qui créent une dépendance, comme la nicotine, d’après les auteurs : "Nous avons été surpris de constater que cet effet pouvait être observé même avec une seule dose de nicotine, équivalente à une seule cigarette, ce qui montre à quel point les effets du tabagisme sont puissants sur le cerveau d'une femme”, explique Erika Comasco, chercheuse principale et professeure associée à l’université d'Uppsala en Suède.

Lors de leur expérience sur un groupe de dix femmes volontaires en bonne santé, les chercheurs ont constaté qu'une dose unique réduisait modérément la quantité d'aromatase, l'enzyme responsable de la production d'œstrogènes dans le cerveau.

Tabac : les femmes sont exposées à plus de risques que les hommes

Les femmes ont reçu une dose de nicotine disponible dans le commerce par voie intranasale et, dans le même temps, on leur a injecté un traceur de l'aromatase. Les scanners cérébraux IRM et TEP ont permis aux chercheurs de visualiser à la fois la quantité d'aromatase et sa localisation dans le cerveau.

C’est la première fois qu’un tel effet est démontré et cette découverte pourrait expliquer non seulement pourquoi les femmes ont plus de mal à arrêter de fumer, mais également pourquoi elles risquent davantage de développer des maladies liées au tabagisme, comme le cancer du poumon et les crises cardiaques.

Mais il reste des inconnues : "Cette découverte nous amène à penser que l'effet de la nicotine sur la production d'œstrogènes a un impact important sur le cerveau, mais peut-être aussi sur d'autres fonctions, comme le système reproducteur - nous ne le savons pas encore”, indique Erika Comasco.