Zombies, tueurs en série, fantômes, fin du monde apocalyptique… Les scénaristes de films d’horreur s’en donnent à cœur joie pour écrire des histoires qui font plus peur les unes que les autres. Mais comment expliquer cet engouement ? Pourquoi certaines personnes adorent ressentir cette angoisse quand d’autres ne le supportent pas ? “Cela se résume en partie aux nombreuses façons dont notre cerveau expérimente, interprète et contextualise la peur”, explique Ajay Satpute, professeur adjoint de psychologie à Northeastern. Ce spécialiste en neurologie étudie les mécanismes de la peur dans le cerveau humain non pas comme un ensemble instinctif de comportements de survie, mais comme une expérience subjective, qui peut être très différente pour chaque personne.
Les peurs ne sont pas innées mais apprises par le cerveau
Bien que les peurs soient de puissantes émotions, elles ne sont pas forcément innées pour l’humain. Conformément à la théorie du constructivisme en psychologie, le professeur explique que les êtres humains naissent avec la capacité de ressentir des états affectifs (plaisir et douleur, somnolence et excitation), mais les émotions, comme la peur, sont quant à elles apprises. Le cerveau les apprend en interprétant et contextualisant certains signaux envoyés par le corps.
Dans son laboratoire des sciences affectives et cérébrales, Ajay Satpute a également étudié quelles parties du cerveau s’activent lorsque nous avons peur. “L’hypothèse dominante est qu’il existe un réseau de peur central ou des zones de peur centrales (...) qui prédira la peur dans toutes les situations”, relate-t-il. Mais dans son étude, le chercheur a trouvé qu’il n’y avait pas qu’un réseau de peurs mais plusieurs régions du cerveau qui y réagissent. Selon lui, le cerveau humain réagirait donc différemment à un film d’horreur par rapport à une situation véritablement mortelle.
Pourquoi certains recherchent-ils l’expérience angoissante du film d’horreur ?
Selon le professeur de neuroscience, plusieurs raisons neurobiologiques peuvent expliquer cet attrait pour les films angoissants.
Pour certains, c’est la recherche d’excitation. En effet, les travaux d’un de ses élèves montrent que l’exposition volontaire à la douleur peut amener quelqu’un à libérer des endorphines et à se sentir mieux juste après. “Quand vous avez peur, ce n’est pas génial sur le moment, mais quand ça s’en va, il y a cette libération et cette euphorie et c’est vraiment gratifiant”, détaille-t-il. “Si vous voulez vraiment avoir ce moment de réveil dans la vie où tous les sens sont activés, un peu de peur ne fait pas de mal.”
Autre explication possible : les films angoissants pourraient, d’une certaine façon, servir de matériel pédagogique au cerveau. Ajay Satpute appelle cela la “peur indirecte”.
“Au moins depuis que nous avons commencé à nous raconter des histoires, on peut imaginer que c’est une façon de transmettre et d’apprendre. En ce sens, c’est comme si le cerveau utilisait ces informations pour construire des modèles mentaux pour guider notre comportement si ces situations se présentaient à nous.”