Lorsqu'un maître joue avec son chien, ce dernier a tendance à lui lécher le visage en signe d’affection. Cependant, la salive de l’animal peut renfermer des germes et des bactéries, en particulier la Capnocytophaga canimorsus. Cette bactérie évolue dans la flore gingivale des espèces canines et félines et peut se transmettre à l'Homme lors d’une morsure, d’un léchage ou d’un contact étroit.
Une étude publiée en 2015 sur la plateforme National Library of Medicine, avait rapporté l’ensemble des cas de Capnocytophaga canimorsus observés en laboratoire. Près de 484 patients avaient été inclus dans la recherche et les différents symptômes liés à l’infection avaient été listés. En cas de contamination, le malade souffre généralement d'une forte fièvre, de vomissements et de tremblements.
Des complications graves associées à la bactérie Capnocytophaga canimorsus
L’infection à Capnocytophaga canimorsus est généralement peu virulente, mais elle peut provoquer de graves complications chez des patients qui ont eu une splénectomie, autrement dit une ablation chirurgicale de la rate, qui souffrent d’alcoolisme ou de troubles du système immunitaire. En cas d'aggravation de l'infection, ils peuvent être atteints par une septicémie grave, un choc septique fatal, une gangrène des doigts ou des extrémités, une bactériémie de haut grade, une méningite et des infections oculaires.
En 2018, des médecins et chercheurs français avaient rapporté le cas d’un patient de 56 ans admis au CHU de Brest pour des lésions sombres sur les membres et le ventre. Il avait été infecté par la bactérie Capnocytophaga canimorsus et avait développé une méningite bactérienne doublée d’une nécrose de l’extrémité de plusieurs membres. "Le patient [n’a pas relaté] de morsure d’animaux, mais [nous avons constaté] l’existence de petites plaies au niveau des membres supérieurs, possiblement léchées par ses chiens", avaient affirmé les scientifiques dans l’étude publiée dans la revue Médecine et maladies infectieuses.
Bactérie Capnocytophaga canimorsus : quelles solutions pour s’en protéger ?
Pendant dix ans, une recherche française a également recensé les cas d’infection par Capnocytophaga canimorsus. De 2012 à 2022, 44 contaminations ont été enregistrées dans l’Hexagone, selon les résultats publiés dans la revue The European Journal of Clinicat Microbiology & Infectious Diseases. "C’est donc fort heureusement une maladie très rare", a précisé Geneviève Héry-Arnaud, auteure principale de l’étude, enseignante-chercheuse en bactériologie au CHRU de Brest et à l'université de Bretagne Occidentale à Ouest-France.
Lors de son interview, la microbiologiste a dévoilé plusieurs recommandations pour se protéger de la bactérie Capnocytophaga canimorsus. "De là à dire qu’il ne faut absolument pas se faire "léchouiller", c’est faire une trop grande généralité (...) Cependant, dans certains cas précis, il faut éviter d’avoir ce comportement avec les chiens (…) Je pense notamment aux personnes dont le système immunitaire est affaibli, comme les diabétiques, les patients immunodéprimés, ceux porteurs du VIH ou encore les très grands fumeurs et ceux qui boivent trop d’alcool", a souligné la spécialiste.
Pour éviter les risques de contaminations, Geneviève Héry-Arnaud a également conseillé de bien se laver les mains après un contact avec la salive d’un chien, en particulier si une plaie est présente sur cette zone.