- On respire pour réguler l'arrivée d'oxygène et l'élimination du gaz carbonique dans le sang. Au repos, la fréquence respiratoire d’un adulte moyen est de 16 respirations par minute.
- Chaque jour, un adulte inspire et expire environ 8.000 litres d’air. D’habitude, le volume d’air que nous inspirons et expirons n’est guère supérieur à 0,5 litre, mais en cas d’effort, il peut dépasser les 3 litres.
"Inspirez... Expirez..." Vanté par les adeptes du yoga ou de la méditation, l’effet relaxant de la respiration sur l’organisme n’est plus à prouver : il suffit parfois de prendre une grande bouffée d’air pour se calmer face à une situation stressante. Mais pourquoi ? Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’université d’Aarhus, au Danemark, propose un semblant de réponse pour comprendre comment l’acte même de respirer façonne notre cerveau.
"Nous sommes plus sensibles au monde extérieur lorsque nous inspirons"
Dans le cadre de leurs travaux, publiés dans la revue américaine Psychological Review, les chercheurs ont compilé les résultats d’une douzaine d’études par imagerie cérébrale portant sur des rongeurs, des singes et des êtres humains, et les ont utilisés pour concevoir un modèle informatique de réseau neuronal, afin de constater l’influence de la respiration sur le cerveau.
"Ce que nous avons découvert, c'est que, dans de nombreux types de tâches et d'animaux différents, les rythmes cérébraux sont étroitement liés au rythme de notre respiration, explique le professeur Micah Allen, auteur principal de l’étude, dans un communiqué. Nous sommes plus sensibles au monde extérieur lorsque nous inspirons, alors que notre cerveau se déconnecte davantage lorsque nous expirons. Ce qui explique notamment pourquoi certains athlètes se servent de la respiration pour être plus performants, comme les tireurs professionnels qui sont formés pour appuyer sur la gâchette à la fin de l'expiration."
Réaligner les rythmes du cerveau et du corps par la respiration
La respiration va bien au-delà du besoin de survivre, selon l'étude. Elle peut avoir un impact réel sur nos émotions, notre attention et la façon dont nous traitons le monde extérieur. "Le souffle impacte le psychique, affirmait ainsi récemment à Mieux Vivre Santé le professeur Jean-Marie Defossez. Comme le cerveau observe en permanence la manière dont le corps bouge et quelles sont les coordinations entre ses mouvements, notre façon de respirer détermine le mode dans lequel notre cerveau fonctionne : soit en mode surveillance, d'urgence, soit en mode "longue vie", paisible. Ça marche dans les deux sens : quand on est stressé, la respiration se déforme dans un sens particulier." De nombreux exercices de respiration, comme la cohérence cardiaque, permettent de lutter efficacement contre le stress de certaines situations en diminuant le taux de cortisol et en régulant le rythme cardiaque, ce qui a aussi un effet sur le cerveau.
Comprendre comment la respiration façonne notre cerveau, et par extension notre humeur, nos pensées et nos comportements, pourrait permettre de mieux prévenir et traiter les troubles mentaux, espèrent les chercheurs. "La difficulté à respirer est associée à une forte augmentation du risque de troubles de l'humeur tels que l'anxiété et la dépression. Nous savons que la respiration, les maladies respiratoires et les troubles psychiatriques sont étroitement liés. Notre étude montre que les prochains traitements de ces troubles pourraient être fondés sur de nouvelles façons de réaligner les rythmes du cerveau et du corps, plutôt que de traiter l'un ou l'autre de manière isolée."