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Pollution

Microplastiques : quels dégâts sur notre santé ?

Par Stanislas Deve

Déjà toxique pour la faune et la flore, la pollution aux microparticules de plastiques pourrait avoir à terme de lourdes conséquences sur la santé humaine, selon diverses études.

pcess609 / istock
Depuis 1950, 8,3 milliards de tonnes de plastiques ont été produites, dont la moitié ces quinze dernières années. Et la production de plastique devrait encore doubler d’ici 2040, selon l’Inserm.
La taille des microplastiques est comprise entre 5 millimètres et quelques centaines de nanomètres, soit 70 fois plus petit que l’épaisseur d’un cheveu.

Les microplastiques, ces particules de plastique de moins de 5 millimètres de diamètre, sont un fléau pour l’environnement, mais aussi pour l’être humain qui, chaque semaine, en ingérerait environ 5 grammes, soit l’équivalent d’une carte de crédit, d’après l’association WWF. Disséminés un peu partout dans l’air, la nature et la chaîne alimentaire, on les retrouve donc nichés dans l’organisme : dans nos selles, dans le placenta, dans le lait maternel, dans nos poumons, et même dans notre sang. Quels sont les effets de cette contamination aux microplastiques sur notre santé ?

Une "influence sur le risque de développer des maladies"

À l’heure actuelle, selon l’Anses, les microplastiques les plus retrouvés sont le polyéthylène, le polypropylène et le polystyrène. Tous ces plastiques contiennent différents additifs (pour donner de la souplesse ou de la solidité par exemple) qui "sont de potentiels contaminants chimiques", mais aussi "des bactéries qui peuvent être des contaminants biologiques". Or, bien qu’il n’existe pour l’heure aucun véritable consensus scientifique sur le sujet, "de nombreux éléments laissent penser que ces microparticules pourraient influencer le risque de certaines maladies cancéreuses, inflammatoires ou immunitaires", affirme Mathilde Body-Malapel, chercheuse à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui évoque le nocif "effet cocktail" de ces microparticules.

Cerveau, intestins : les microplastiques s’attaquent à nos organes 

Premier constat, les microplastiques s’attaquent au cerveau, selon des chercheurs sud-coréens. En pénétrant dans l’organisme, ils s’accumulent dans les cellules microgliales, des petites cellules immunitaires du système nerveux central, et perturbent leur fonctionnement. Ces cellules finissent par mourir et le cerveau n’est alors plus protégé par une réponse immunitaire efficace. D’autres études ont révélé que les microplastiques pouvaient même, à terme, participer à la prolifération de "superbactéries" particulièrement résistantes aux antibiotiques.

Au vu d’expériences menées sur des souris, la contamination alimentaire aux microplastiques pourrait également nuire au bon fonctionnement de notre intestin, en altérant la structure et la fonction immunitaire de la paroi intestinale, et donc la composition du microbiote. Les plus petites particules de plastique peuvent même pénétrer la circulation sanguine, le système lymphatique et même atteindre le foie. C’est l'un des principaux dangers des microplastiques : qu’ils finissent par atteindre les organes.

Les cellules elles-mêmes sont perturbées par les microplastiques

D’autres travaux ont montré que les microplastiques agissent comme des perturbateurs endocriniens, qui ont la fâcheuse réputation de dérégler le fonctionnement hormonal et d’être à l’origine de nombreuses affections, selon les autorités : baisse de la qualité du sperme, altération des organes reproducteurs, abaissement de l’âge de la puberté...

D’une manière générale, les microplastiques peuvent affecter les cellules mêmes de l’organisme, révèle une récente étude. Au programme peu réjouissant : mort cellulaire, réactions allergiques, dommages tissulaires, stress oxydatif, dégâts sur l’information génétique des cellules... Autant de perturbations des cellules qui "peuvent être l’événement déclencheur de nombreux problèmes de santé", estiment les chercheurs, qui plaident pour que davantage de recherches soient menées sur les conséquences sanitaires au long terme de ces microplastiques.