Les chiffres sont alarmants ! Chaque année, 7,3 millions de filles de moins de 18 ans mettent un enfant au monde. C’est ce que note le rapport sur l’État de la population mondiale 2013, rendu public ce mercredi par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA). Et parmi ces mères-adolescentes, 2 millions d'entre elles ont 14 ans ou moins. Ce sont justement ces dernières qui préocuppent le plus les experts de l'Organisation des Nations Unies. pourquoidocteur détaille les conséquences désastreuses de ces grossesses qui arrivent trop tôt.
Des répercussions sur la santé des adolescentes
En effet, ce rapport sur « La mère-enfant : face aux défis de la grossesse chez l’adolescente », accorde cette année une attention toute particulière aux filles de 14 ans et moins qui sont « exposées à deux fois plus de risques de décès maternel et de grossesses compliquées que les femmes plus âgées », précise le communiqué.
« Trop souvent, note le Dr Babatunde Osotimehin, directeur exécutif de l’UNFPA, la société rejette tout le blâme de la grossesse sur l’adolescente, alors que la réalité, dans la plupart des cas, est que cette grossesse n’est pas le résultat d’un choix délibéré mais au contraire d’une absence de choix et de circonstances indépendantes de sa volonté. C’est une conséquence d’un manque ou d’une absence totale d’accès à l’éducation, à l’emploi et aux informations et aux soins de santé de qualité. »
70 000 adolescentes meurent chaque année
Un constat dramatique pour ces jeunes filles, car comme le signale le rapport, la grossesse précoce a des effets négatifs sur leur santé : risques de décès maternel, de maladie et d’invalidité, de complications des avortements dangereux, et d’infections sexuellement transmissibles, notamment par le VIH.
Résultat, quelque 70 000 adolescentes meurent chaque année de causes liées à la grossesse et à l’accouchement dans les pays en développement.
Enfin, cette situation est aussi bien souvent à risque pour l'enfant à naître. Les adolescentes qui tombent enceintes tendent en majorité issues de ménages à faibles revenus et à être dénutries. Dans les pays en développement, environ une fille sur deux souffre en effet d’anémie nutritionnelle, ce qui accroît bien évidemment le risque d’avortement spontané, de mortinatalité, et de naissance prématuré.
Une situation qui déstabilise des pays entiers
Ce ne sont pas seulement les mères-enfants et leurs enfants qui en souffrent, mais aussi les communautés entières et l’économie de toute une nation. Par exemple, si les plus de 220 000 adolescentes mères du Kenya avaient été employées au lieu d’avoir enfanté, le revenu brut du pays aurait pu augmenter de 3,4 milliards de dollars par an, soit le revenu de tout le secteur du bâtiment.
Autre exemple, si les adolescentes du Brésil et de l’Inde avaient pu attendre d’avoir atteint la vingtaine pour avoir des enfants, la productivité accrue de ces deux pays aurait ajouté respectivement plus de 3,5 milliards de dollars et de 7,7 milliards de dollars à l’économie nationale. Et des exemples comme ceux là, il y en a tant d'autres dans ce rapport...
Un problème aussi dans les pays développés
Par ailleurs, si le rapport conclut que le problème de la grossesse chez l’adolescente est bien plus grave dans le monde en développement que dans les pays développés, il constate que ce problème est aussi d’une ampleur considérable dans ces derniers. Aux États-Unis, par exemple, environ la moitié seulement des adolescentes qui tombent enceintes terminent leurs études secondaires avant l’âge de 22 ans, contre 90 % des adolescentes qui ne tombent pas enceintes. Avec dans ces pays aussi des effets négatifs sur l’économie; son coût pour les contribuables américains serait en effet de près de 11 milliards de dollars par an, d'après les experts de l'Onu.
Alors pour remédier à ce problème, l’UNFPA plaide en faveur d’une approche globale des défis de la grossesse chez l’adolescente qui, au lieu de porter sur la modification du comportement des filles, vise à modifier les attitudes et les actions de la société dans laquelle elles vivent.
L’approche préconisée consiste ainsi à favoriser la scolarisation des filles, à mettre un terme au mariage d’enfants, à accroître l’accès des adolescents aux services de santé sexuelle et reproductive, y inclus à la contraception, et enfin à offrir des appuis améliorés aux mères adolescentes.
« Nous devons réfléchir aux changements à apporter aux politiques et aux normes appliquées par les familles, les communautés et les pouvoirs publics qui font que les filles n’ont souvent pas d’autres options que la grossesse précoce, et encourager les parties prenantes à les modifier, a proclamé le Dr Osotimehin. C’est ce que nous faisons à l’UNFPA et ce que nous continuerons de faire et de recommander jusqu’à ce que toutes les filles soient en mesure de décider du cours de son existence, de s’approprier leur avenir et de réaliser leur plein potentiel », conclut-il.