Environ 5 % des grossesses s’accompagnent de pré-éclampsie, selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Il s’agit d’une complication survenant au cours du dernier trimestre de la grossesse, sans facteur prédisposant connu. Les manifestations sont une hypertension artérielle - qui peut entraîner des crises potentiellement mortelles - et une forte albuminurie, un problème rénal.
Une cuisine maison plus polluante dans les pays à revenu faible et intermédiaire
"La cuisine maison et la pollution domestique peuvent augmenter le risque de convulsions, explique Andrew Shennan, l’un des auteurs d’une étude sur ce sujet publiée dans la revue International Journal of Gynecology & Obstetrics, dans un communiqué. Nous pensons que [dans cette situation], il y a moins d'oxygène qui atteint le cerveau de la mère, ce qui peut déclencher une crise chez les femmes qui souffrent déjà de pré-éclampsie".
En effet, lors de leur étude, les scientifiques ont prouvé que l’exposition à la pollution domestique intérieure due à la cuisine à la maison était associée à plus de risques chez les femmes enceintes dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Dans ces derniers, la cuisson et le chauffage utilisent des combustibles plus polluants comme le charbon.
Lien entre pré-éclampsie et pollution liée aux fumées toxiques
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les données de plus de 2.690 femmes atteintes de pré-éclampsie en Éthiopie, en Haïti, en Inde, au Malawi, en Sierra Leone, en Ouganda, en Zambie et au Zimbabwe. Ainsi, ils ont observé qu’il y avait une corrélation entre le nombre de femmes atteintes de pré-éclampsie et le nombre de décès en lien avec la pollution domestique intérieure venant des fumées toxiques de la cuisson des aliments.
Cette corrélation était encore plus importante quand les crises dues à la pré-éclampsie avaient eu lieu à la maison. "Cela ne se produit que chez 1 % des femmes atteintes de pré-éclampsie, précise Andrew Shennan. [Cette découverte] pourrait expliquer les inégalités observées en matière de soins de santé maternelle dans les pays à revenu faible et intermédiaire".
94 % des décès maternels ont lieu dans les pays à revenu faible ou intermédiaire
Cette même équipe de chercheurs avait déjà prouvé que 94 % des décès maternels avaient lieu dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Et, parmi eux, 22 % étaient dus à une pression artérielle élevée comme en provoque la pré-éclampsie.
"Savoir pourquoi les femmes subissent ces conséquences graves nous permet de réduire le risque [lié à la pré-éclampsie] et de déterminer comment sauver des vies, assure Andrew Shennan. Nous avons de vastes programmes de travail en Inde, en Sierra Leone et en Zambie, où de nombreuses femmes ont des complications liées à l'hypertension artérielle. Nos recherches actuelles visent à identifier les femmes à risque, mais nous cherchons maintenant des moyens de réduire les risques, y compris en cas d’accouchement précoce. Ces données nous aideront à donner des conseils pour éviter les risques à domicile”.
À l’avenir, les chercheurs comptent poursuivre leurs recherches afin de voir si le changement climatique augmente la prévalence et la mortalité de la pré-éclampsie chez les femmes enceintes.