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Etude menée en Suisse

Les abus sexuels sur mineurs via Internet explosent

Par Audrey Vaugrente

Une étude révèle que le harcèlement sexuel des mineurs sur Internet est en forte progression. Les nouvelles technologies favorisent une violence entre adolescents.

Jens Honore / Mood Boar/REX/SIPA

Alors qu’un enfant sur cinq est sollicité sexuellement par Internet dans le monde, une récente étude en Suisse révèle que les abus sexuels sur la Toile se répandent. Le sondage, réalisé chez 6 000 adolescents de 15 à 17 ans, est paru ce 29 octobre dans le Journal of adolescent health. Si la tendance est stable pour les agressions sexuelles, les sollicitations sur Internet explosent.

 

Premier abus cité

Chez les adolescents sondés, le harcèlement sur le web est la première forme d’abus cité. Il concerne 40% des filles et 17% des garçons. Ce sont principalement des agressions sans contact. Les jeunes filles sont deux fois plus concernées que les garçons. Les types de sollicitations évoquées par les participants sont variées. Certains avouent s’être montré nu et/ou avoir été pris en photo nu sans son consentement. D’autres révèlent qu’ils ont dû regarder une relation sexuelle entre des personnes ou du contenu pornographique.

 

Mais les formes d’abus les plus fréquentes sont liées aux nouvelles technologies et impliquent les précédentes : les adolescents sont souvent molestés sexuellement par SMS ou messagerie instantanée ou différée par le web.  Chez 15% des filles et 5% des garçons, « être molesté verbalement ou par SMS ou email » est la deuxième forme d’agression la plus répandue. Le harcèlement sexuel sur Internet est le plus cité par les participants. Plus d’un quart des filles s’en disent victime contre 10% des garçons.

 

Les jeunes plus violents

Le sondage révèle d’autres données inquiétantes. Chez moitié des filles et plus de deux tiers des garçons interrogés, l’agresseur était aussi mineur. La plupart des victimes connaissaient le responsable de l’agression. Les auteurs de l’étude relèvent un « comportement violent accru chez les adolescents. »

 

En comparaison avec une étude similaire, menée en 1995-96 chez un groupe d’âge similaire en Suisse, les résultats globaux sont comparables. Les abus sexuels avec contact sans et avec pénétration concernent à peu près la même tranche de la population. En revanche, les abus sexuels sans contact sont beaucoup plus fréquents. « Nous pensons que cette différence est due au harcèlement sur Internet, par email ou par SMS. Ce type de harcèlement n’était pas pris en compte, » explique le Dr Meichun Mohler-Kuo, l’un des auteurs de l’étude. La question est d'actualité : une étude américaine révélait ce 27 octobre que 30% des enfants sont victimes de cyberharcèlement.

 

Les abus sexuels ont des conséquences graves sur le développement physique et psychologiques des enfants. Pourtant, en Suisse, moins de 10% des victimes rapportent leur agression à la police. Il est donc important de lever le tabou. Cela concerne l’ensemble de l’Europe : selon les chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé, 20% des femmes et 10% des hommes ont vécu une agression sexuelle pendant leur enfance.