- L'insula, une région cérébrale cachée à l'intérieur du cerveau, est connue pour jouer un rôle essentiel dans nos propres émotions. Elle peut détecter l'état de notre corps grâce à l'apport de nos organes internes et de notre peau, et intègre ces informations à ce que nous voyons, entendons et sentons. On pense qu’elle est à l’origine de ces sentiments conscients qu’on appelle émotions.
- Faire preuve d’empathie, de bienveillance, de douceur envers les patients permet de réduire de 12 % leur perception de la douleur, soit davantage que certains médicaments, selon une récente étude.
Un mécanisme clé de l’empathie ? Des chercheurs de l’Institut des neurosciences des Pays-Bas (NIN) ont montré que la douleur ressentie par les autres est directement cartographiée sur nos neurones de l’insula, une région du cerveau impliquée dans l’expérience de nos propres émotions.
Nos neurones sont "un miroir de la douleur des autres"
Dans le cadre de leurs travaux, publiés dans la revue eLife, les chercheurs ont pu mesurer l’activité cérébrale de patients grâce aux électrodes qui étaient directement implantées dans leur cerveau (initialement pour localiser l’origine de leur épilepsie). Ils ont montré aux participants des clips vidéo d’une femme exprimant différents niveaux de douleur, puis ont mesuré la force avec laquelle les neurones de l’insula réagissaient à la douleur que les patients observaient chez la comédienne. L’objectif, déterminer si les neurones des patients "expérimentaient" un niveau de douleur similaire à celui ressenti par autrui.
C’est exactement ce qu’ils ont constaté : dans toute l'insula, ils ont enregistré une activité électrique qui évoluait en fonction de la douleur que les patients avaient perçue chez la femme dans les films. En clair, plus la douleur (jouée par l’actrice) était intense, plus l’activité cérébrale des patients était élevée. Nos propres neurones sont "comme un miroir de la douleur des autres", peut-on lire dans un communiqué. Cela donne, selon les chercheurs, "un aperçu clé de l'empathie humaine : nous sympathisons, semble-t-il, avec la douleur des autres parce que notre cerveau est 'câblé' pour transformer leur douleur en activité dans les régions impliquées dans notre propre douleur".
Identifier les causes des écarts d’empathie entre les individus ?
Mais comment percevons-nous concrètement la douleur des autres ? Dans la moitié des vidéos, la caméra était centrée sur le visage de la femme, qui passait d'une expression neutre à une expression plus ou moins douloureuse en une seconde : dans ce cas, plus que le mouvement du visage en soi, c’est la contraction des yeux de l’actrice que le cerveau des volontaires a utilisée pour percevoir la douleur. Dans l’autre moitié des vidéos, la caméra était figée sur la main de l’actrice qui était frappée par une ceinture : ici, c’est le mouvement de la main sous le choc de la ceinture qui a permis aux patients d’évaluer le niveau de douleur.
"La souffrance des autres peut être déduite d'une variété d'indicateurs : une expression douloureuse, l'intensité de l'événement qui leur inflige une douleur, etc. [Cela] révèle la flexibilité avec laquelle le cerveau humain transforme ce que nous voyons les autres faire en une perception fine de leurs états intérieurs", conclut Eye Soyman, auteur principal de l’étude. Les recherches futures de l'équipe permettront, à terme, de développer une carte de l'endroit du cerveau où la douleur des autres se transforme en empathie, et identifier les régions où les différences entre les individus pourraient expliquer les écarts frappants d'empathie que nous pouvons observer chez les uns les autres.