L’abus de médicaments atteint un niveau épidémique aux Etats-Unis, où les overdoses tuent autant que les accidents de la route. Selon une étude parue ce 29 octobre dans Pediatrics, près d’un jeune sur dix utilise mal les antidouleurs et/ou les sédatifs. Le sondage, mené par l’université du Michigan, a été réalisé auprès de 2 135 personnes âgées de 14 à 20 ans qui ont consulté aux urgences en 2010 et 2011. Les auteurs ont pris en compte l’utilisation d’antidouleurs opioïdes et de sédatifs tous soumis à prescription.
Non-respect des prescriptions
Sur le total des visites enregistrées aux urgences, 10% des adolescents et adultes admettent avoir mal utilisé un opioïde ou un sédatif au cours de l’année. Chez certains, la prise de médicament avait pour but de « planer », pour d’autre il s’agissait d’une dose supérieure à celle prescrite ou d'une prise de médicaments destinés à un proche.
La majorité des détournements de médicament est illicite, c’est-à-dire que les utilisateurs n’ont pas de prescription. Pour les sédatifs, cela concerne 88% des sondés et 85% des consommateurs d’opioïde. Dans la population jeune générale, d’autres études estiment la mauvaise utilisation de médicaments à 8%.
100 décès par jour
Le danger est pourtant bien réel : selon les centres de contrôle des maladies (CDC), 100 personnes meurent par jour d’une overdose de médicament. Les urgences enregistrent environ 700 000 visites chaque année pour ce motif. Les Etats-Unis enregistrent une hausse constante des cas d'overdoses, par opioïdes ou par sédatifs. Les cas de suicide sont fréquents, mais la tendance lourde va aux erreurs de dosage.
Les utilisations illicites d’antidouleurs ou de sédatifs sont aussi associées à des risques accrus de comportement toxicomane. Les mauvais utilisateurs risquent davantage d’être alcoolisé, d’avoir abusé de médicaments non soumis à prescription (du type sirop pour la toux) ou d’avoir consommé de la marijuana. Ils sont aussi exposés à un risque élevé d’être en voiture avec un conducteur ivre.
Les jeunes qui détournent des médicaments semblent aussi développer une résistance aux antidouleurs. Lors d’une visite aux urgences, ces patients sont plus nombreux à recevoir des antidouleurs à base d’opium par intraveineuse.
Crise aux Etats-Unis
Selon les auteurs de l’étude, les pratiques de prescription doivent changer, particulièrement au sein des urgences. Ce service devrait devenir le cadre privilégié d’une politique de prévention. L’abus de médicament est un problème de santé publique aux Etats-Unis. Pourtant, les urgentistes prescrivent souvent en urgence et faute de mieux des antidouleurs opioïdes à leurs patients.
En France, la situation est loin d’être aussi inquiétante. L’étude DRAMES (décès en relation avec l’abus de médicament et de substances) de l'Agence de sécurité du médicament (ANSM) fait état de 376 décès en 2010. Ce chiffre cumule les overdoses par héroïne, par traitement de substitution aux opiacés et aux médicaments antidouleur. Les données ne sont pas exhaustives et manquent de précision quant aux médicaments qui les causent. On observe cependant que la prise de médicaments est bien gérée en France, même s’il faut rester attentif à l'évolution des overdoses.