- Les maladies cardiovasculaires sont la deuxième cause de mortalité en France après les cancers.
- Plus de 140.000 personnes meurent à cause d’une pathologie cardiovasculaire chaque année dans l'Hexagone.
Les enfants qui ont été confrontés à l’adversité - la maladie, la mort, la précarité, la négligence ou encore des relations familiales difficiles - courent plus de risques d’avoir des problèmes cardiovasculaires au début de l’âge adulte. C’est ce que suggère une nouvelle étude récemment publiée dans l’European Heart Journal.
Un risque de troubles cardiovasculaires accru de 60 %
Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs de l’université de Copenhague ont suivi jusqu’en 2018 près de 1,3 million d’enfants nés et vivant au Danemark entre 1980 et 2001, soit la plus grande cohorte jamais utilisée pour ce sujet d’étude. Ils ont été répartis en cinq groupes en fonction des difficultés vécues entre 0 et 15 ans : ceux qui ont connu une faible adversité, ceux qui ont souffert de privations matérielles (dues par exemple à la pauvreté et au chômage chez les parents), ceux qui ont subi une privation persistante jusqu'à l'adolescence, ceux qui ont perdu (ou failli perdre) un proche à la suite d’un décès ou d’une maladie grave, et enfin, ceux qui ont vécu une forte adversité (couvrant tous les types d’adversité, en particulier les relations familiales dysfonctionnelles et stressantes).
Durant la période d’étude, 4.118 participants ont souffert d’une maladie cardiovasculaire entre leur seizième anniversaire et la fin de l’année 2018. Et un lien a vite été établi : "Nous avons constaté un risque environ 60 % plus élevé de développer des maladies cardiovasculaires chez les jeunes adultes qui ont connu l'adversité durant leur enfance" par rapport à ceux qui ne l’ont pas vécu, explique le professeur Nara Julvej Rod, auteur principal de la recherche, dans un communiqué. "Cela était particulièrement vrai pour ceux qui avaient connu un décès dans la famille ou des maladies graves, telles qu’un cancer ou une maladie cardiaque ou pulmonaire."
En chiffres absolus, cela correspond à 10 à 18 cas supplémentaires de maladies cardiovasculaires (MCV) pour 100.000 années-personnes (l'unité de mesure pour évaluer l'incidence). À titre de comparaison, le taux d'incidence moyen chez une personne de 30 ans est d'environ 50 cas de MCV pour 100.000 années-personnes.
Maladies cardiovasculaires et inégalités sociales ?
Mais pourquoi une telle association ? Elle peut en partie s’expliquer, selon le chercheur, "par des comportements pouvant affecter la santé, tels que la consommation d'alcool, le tabagisme et l'inactivité physique". Les jeunes adultes qui ont été exposés de manière chronique à l’adversité durant leur enfance seraient en effet plus susceptibles de répondre au stress en se réfugiant dans ce type de comportements malsains, qui font le lit de nombreuses pathologies graves.
Le lien entre inégalités sociales et maladies cardiovasculaires ne serait donc plus à démontrer. "Cela souligne l'importance de la recherche sur les facteurs de risque non génétiques au début de la vie, qui peuvent être ciblés pour une prévention précoce", insiste Nara Julvej Rod. "Identifier les origines sociales d'une telle adversité et garantir des structures de soutien pour les familles en difficulté, cela pourrait potentiellement avoir des effets protecteurs à long terme."