- Chaque jour, plus d’un million de nouveaux cas d’infections sexuellement transmissibles (IST) surviennent chez les 15-49 ans, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
- Les maladies vénériennes les plus fréquentes sont la syphilis, la chlamydiose, la gonorrhée, et la trichomonase.
Récemment, des chercheurs américains ont observé une réaction très forte de l’activité immunitaire du vagin lors de la première pénétration chez une femme. "Nous avons réalisé cette étude pour déterminer comment le fait de commencer à avoir des rapports sexuels affecte le système immunitaire dans le vagin", a expliqué Sean Hughes, auteur principal des travaux et chercheur au département d’obstétrique et de gynécologie de la faculté de médecine de l’Université de Washington (États-Unis).
Inflammation vaginale : "une maturation du système immunitaire local du vagin"
Dans le cadre de cette recherche publiée dans la revue scientifique eLife, les scientifiques ont examiné 180 prélèvements cervicovaginaux provenant de 95 jeunes femmes âgées de 18 ans et plus vivant au Kenya. Ces échantillons ont été prélevés dans les mois précédant et suivant le premier rapport sexuel.
Les auteurs ont mesuré la concentration de 19 molécules connues pour être médiatrices de réactions immunitaires. Résultat : elles ont toutes augmenté dans les échantillons post-premier rapport sexuel avec pénétration. Ils ont également constaté que cette hausse s’est intensifiée pendant toute la première année de vie sexuelle. Pour confirmer leurs résultats, Sean Hughes et son équipe ont analysé les prélèvements réalisés par d’autres équipes auprès de 18 Américaines et 93 Belges. Une inflammation a été identifiée chez les participantes débutant leur vie sexuelle "pénétrative".
Cependant, les chercheurs ne sont pas certains que le début de la vie sexuelle pénétrative soit liée à cette inflammation du vagin. "Mon hypothèse est que les rapports sexuels avec pénétration provoquent une exposition à de nombreux antigènes étrangers comme le sperme, les bactéries d’autres microbiotes, des lubrifiants ou des matériaux de préservatif. Cette exposition entraînerait alors la libération de médiateurs de l'immunité et le recrutement de cellules immunitaires", a indiqué Sean Hughes. Ce phénomène pourrait donc être dû à "une sorte de maturation du système immunitaire local dans le vagin".
"Nous ne savons pas si ce que nous observons est un niveau d'inflammation nuisible"
Concernant l’évolution de la réponse immunitaire sur le long terme, les scientifiques ont estimé qu’elle se stabilisait à partir d’un moment. "Je pense qu'elle atteint un plateau avec une activité sexuelle régulière, mais nous n'avons pas de données pour déterminer combien de temps il faut pour atteindre ce plateau”, a noté l’auteur de l’étude.
Lors de la recherche, les scientifiques se sont également demandés si une inflammation du vagin pourrait s’avérer dangereuse pour les femmes. "Nous ne savons pas si ce que nous observons est un niveau d'inflammation nuisible ou s'il vaut mieux le considérer comme une simple augmentation de l'activité immunitaire", a précisé le chercheur tout en rappelant que les adolescentes et les jeunes femmes sont plus à risque de développer une infection sexuellement transmissible par rapport aux femmes plus âgées.
Une réaction immunitaire forte du vagin pourrait-t-elle avoir un rôle protecteur contre les IST ? Pour l'heure, les auteurs n’ont pas les données nécessaires pour parvenir à une telle conclusion, mais ils ont émis des hypothèses. Une forte présence immunitaire dans le vagin pourrait mieux le protéger des infections, mais elle pourrait également favoriser certaines maladies vénériennes.